Le mystère Sophie Wilmès: pourquoi la libérale reste la personnalité politique préférée des francophones
Bien qu’en retrait sur le plan médiatique, l’ancienne Première ministre reste extrêmement populaire notamment grâce au rôle historique qu’elle a joué.
Publié le 05-04-2023 à 06h32
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Sondages après sondages, on observe qu’un élément reste immuable en Belgique depuis quelques années : Sophie Wilmès reste la personnalité politique préférée des francophones. Celle qui a été propulsée aux manettes de la Belgique en octobre 2019 a, depuis juin 2020, ravit la première place du podium de la sympathie en région bruxelloise et en Wallonie. Une position que l’on a attribuée à son rôle central joué durant la crise du Covid. Lors des conseils nationaux de sécurité, l’ancienne Première ministre a eu un contact régulier et privilégié avec la population, un contact que de nombreux observateurs ont qualifié de sympathique et empathique.
Trois ans plus tard, la libérale reste toujours en tête du classement d’Ipsos-Le Soir-RTL-VTM-Het Laatste Nieuws, une première place qu’elle partage maintenant avec son successeur Alexander De Croo. Or, un an plus tôt, celle qui était alors vice-Première avait décidé de suspendre ses activités ministérielles pour s’occuper de son mari, atteint d’un cancer. La figure de proue du Mouvement réformateur avait directement fait le choix de couper les relations avec la presse et de ne plus apparaître dans les médias.
”Vu les circonstances, Mme Wilmès a fait le choix de se mettre en retrait de la scène médiatique, mais elle ne s’est pas retirée de la politique”, précise son porte-parole et conseiller Steve Detry. “Elle travaille de façon soutenue à la Chambre et reste très active au sein du MR.”
Suprapolitique et empathique
Nicolas Baygert reconnaît que ce succès qui se maintient après une année d’invisibilité est surprenant. Pour le docteur en sciences de la communication de l’ULB, cette popularité soutient l’hypothèse que les électeurs n’ont pas forcément la mémoire courte. “Sophie Wilmès s’est fait connaître dans une période où le bien commun a pris le dessus sur la communication politique et la lutte partisane. L’ancienne Première a eu cette possibilité de construire son personnage dans une phase où la parole gouvernementale a été sanctuarisée. Sa personnalité supra-partisane a pu s’établir en dehos du jeu particratique.”
Selon l’enseignant-chercheur, il ne faut pas négliger l’impact de la crise covid sur la politique, de manière générale. “C’est une phase historique dont on ne mesure pas encore forcément toutes les conséquences. C’est un moment où il fallait quelqu’un capable d’expliquer les choses avec pédagogie et de s’adresser d’abord au citoyen, ce que Wilmès, mais également Jacinda Ardern, la Première ministre néo-zélandaise, ont particulièrement bien incarné.”
”Sophie Wilmès a montré une certaine capacité à gérer des réunions de concertation. Elle a joué son rôle de capitaine tout en exprimant une certaine empathie, ce qui contrastait avec la communication gouvernementale que l’on a pu observer dans d’autres pays”, analyse Benjamin Biard, docteur en sciences politiques. C’est une des hypothèses qui pourrait expliquer sa position dans les sondages. “Habituellement, une moindre visibilité médiatique a tendance à réduire la popularité. Ici, c''est le contraire qui se produit”.
Le chercheur du Crisp ajoute que la personnalité consensuelle de Wilmès, qui se distingue de celles plus clivantes d’autres figures libérales, a renforcé la sympathie de l’électeur à son égard. “Son départ pour raisons personnelles lui a également valu de l’empathie de la part de l’opinion publique.”
Selon Nicolas Baygert, la députée fédérale a pu profiter d’un effet calendrier positif inattendu. “Cette mise en retrait de la vie médiatique due à des raisons familiales lui a permis d’échapper à cette vague de rejet et de dégagisme qui frappe la classe politique actuellement.”