La Belgique, passoire de bois tropicaux illégaux

Gilbert Dupont

Zéro saisie depuis 2008 : les douanes vont combattre ce trafic en lien avec la déforestation de la planète


ANVERS La Belgique va combattre l’importation illégale massive de bois tropicaux via le port d’Anvers, un trafic pour lequel notre pays est considéré comme la passoire de l’Union européenne. Ces trafics de bois sont liés à la déforestation.

Les SPF Finances et Santé publique vont lutter ensemble. L’Agence générale des douanes et accises (AGDA) et la Sécurité de la chaîne alimentaire préparent un accord qui permettra à l’avenir d’“affiner et optimaliser” les contrôles. Il était temps.

Depuis 2008, le port d’Anvers n’a procédé qu’à une seule saisie d’une cargaison de bois tropicaux provenant d’abattages illégaux. À Rotterdam, port proche comparable, de telles saisies sont monnaie courante.

Seule explication, l’insuffisance criante des contrôles à Anvers. Et cela se sait visiblement à l’étranger : avec 200.000 tonnes chaque année, le port belge est la plaque tournante en Europe occidentale de l’importation de bois provenant, entre autres, du bassin amazonien, du bassin du fleuve Congo et des forêts protégées d’Asie du Sud-Est. De 15 à 30 % du bois importé seraient issus d’arbres abattus sans autorisation.

En 2008, 2009, 2010 et 2011, aucune saisie n’a été faite à Anvers, une seule fin 2012, la première en cinq ans.

Selon Lieselot Bisschop, seule criminologue belge à s’être penchée sur la question, la Belgique se désintéresse de ces trafics. Investissements humains et financiers insuffisants, manque d’expertise des services responsables et peu de soutien des parquets : les priorités vont aux trafics de drogue, d’armes et à la contrefaçon.

En se désintéressant, la Belgique se rend implicitement complice des déforestations qu’elle dénonce pourtant de par ailleurs. Et Anvers, porte ouverte sur l’UE, est le talon d’Achille du continent.

Les Douanes belges peuvent plaider la complexité d’une législation internationale. Ce serait si simple si seuls l’acajou et l’afrormosia ou l’assamela étaient protégés : la Convention de Washington protège 29.000 plantes au sens large.

En mai 2013, les Douanes dont c’est pourtant la compétence reconnaissent ne disposer depuis 2008 d’“aucun chiffre concernant l’importation et le trafic de bois illégal”, d’“aucun chiffre concernant les contrôles sur le commerce du bois” et “ne pas disposer d’informations concernant l’importation systématique de bois illégal provenant de régions à risque”.

Les Douanes veulent maintenant des contrôles affinés et optimalisés. Pour ce faire, l’AGDA (Administration générale des douanes et accises) négocie un partenariat win-win avec la Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement du SPF Santé publique, qui dispose d’experts.© La Dernière Heure 2013

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