"On est devenu de la chair à canon": les médecins généralistes toujours pas suffisamment protégés face à la seconde vague de patients
En première ligne face à la seconde vague de patients, les médecins généralistes se sentent délaissés à cause du manque de protection (masques, visières, tablier, etc).
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Publié le 20-04-2020 à 14h53 - Mis à jour le 22-04-2020 à 15h32
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En première ligne face à la seconde vague de patients, les médecins généralistes se sentent délaissés à cause du manque de protection (masques, visières, tabliers, etc).
Depuis le début de la crise sanitaire provoquée par l'épidémie de Covid-19, les médecins généralistes ont très vite tiré la sonnette d'alarme concernant le manque de matériel de protection les concernant. Pourtant, ils sont en première ligne face au virus via les patients qu'ils reçoivent chaque jour. Cinq semaines après ce cri d'alerte, la situation n'a (presque) pas changé.
"On a reçu une boîte de 50 masques de la part de l'armée et une autre de 100 masques mais ce n'est pas suffisant, ces derniers nous permettent de tenir quelques jours. Du côté des FFP2 et des FFP3, malgré les annonces, nous n'avons toujours rien reçu ! Et ce n'est pas tout, nous n'avons toujours pas de tabliers, de protections jetables ou encore de visières qui sont pourtant essentielles. J'ai commandé une blouse médicale mais elle a mis 15 jours à arriver. J'ai un patient qui m'a postillonné à la figure l'autre jour, la situation ne s'arrange pas pour nous", rapporte Marie-Gabrielle Cuvelier, médecin généraliste à Renaix depuis 33 ans
Pour faire savoir s'ils sont en pénurie de matériel de protection, les généralistes doivent retourner un formulaire auprès du SPF Santé Publique. Un courrier qui reste souvent lettre morte. "Cela fait des semaines que je le remplis et le renvoie mais j'ai arrêté car je n'ai jamais eu la moindre réponse, ça ne sert à rien. Il n'y a pas l'air d'avoir un grand changement par rapport à nos messages d'alerte concernant le manque de protections criant des généralistes qui sont pourtant en première ligne face au Covid-19".
"On s'en fout de nous"
En effet, chaque jour, des centaines de patients quittent l'hôpital des suites du coronavirus. Cette seconde vague de patients se compose essentiellement des personnes malades en fin de coronavirus. Il s’agit des patients hospitalisés qui sortent ou vont sortir de l’hôpital. "Les gens sortent de l'hosto mais personne n'a de certitudes par rapport à la durée de contagiosité de la personne qui a été contaminée. Cela peut aller de dix jours jusqu’à plus d’un mois selon les dernières études. Dans la plupart des cas, une quarantaine est proposée à leur sortie mais nombreux sont ceux qui ont besoin de consulter un généraliste, comme les personnes âgées qui ne peuvent pas rejoindre directement leur maison de repos", indique le docteur Cuvelier.
Et même si le nombre de consultations a largement diminué, les médecins continuent de recevoir des patients et dans certains cas, ne peuvent pas se limiter à être de simples téléphonistes, il faut parfois voir les gens, et le risque de contagion est donc bien réel. "Mais je ne laisserai pas tomber mes patients. Actuellement, je vois 5 personnes par jour contre 15 en temps normal. D'ailleurs, le collège de Médecine a été clair, il ne faut pas jouer aux héros mais il faut trouver un juste milieu. Dans tous les cas, on attend depuis plusieurs semaines mais on ne voit rien venir. Pourtant nous sommes en première ligne mais totalement désarmés. On est devenu de la chair à canon, comme une armée pendant la guerre, comme des fantassins sans protection, on s'en fout de nous", fustige Marc, généraliste bruxellois.
Des témoignages confirmés par Thomas Orban, président du Collège de la médecine générale et médecin généraliste également. "Actuellement, on ne peut toujours pas prendre ces patients en charge sans prendre de risques".
