"Faillites, suicides, déstabilisation: les dangers d'un nouveau lockdown"
Jean-Luc Gala (UCL) estime que les futures mesures de la Celeval, tel le lockdown, vont tuer l’économie, provoquer des suicides et déstabiliser l’État.
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- Publié le 12-10-2020 à 06h47
- Mis à jour le 12-10-2020 à 12h06
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Jean-Luc Gala, professeur à l’UCL, repousse fermement l’idée qu’un nouveau lockdown soit nécessaire. “La situation actuelle dans les hôpitaux ne l’exige pas. À Bruxelles, les flux sont tendus mais on est toujours en phase 1A. Et ils sont tendus notamment parce qu’à la différence de la première phase, les hôpitaux soignent des pathologies non-Covid auxquelles se rajoute la prise en charge des cas Covid”, assure Jean-Luc Gala. “Plutôt que de venir avec toute une série de mesures liberticides, il faut réorganiser la Celeval (cellule d’évaluation qui conseille le CNS).”
Il s’étonne de l’absence au sein de cette cellule de toute une série de représentants clés du domaine de la santé : les médecins généralistes, les pharmaciens, les urgentistes, les intensivistes et directeurs d’hôpitaux.
“Et pourtant, la Celeval risque de proposer au CNS des mesures impactant profondément l’économie de la Belgique au risque de tuer pour très longtemps le secteur des petites et moyennes entreprises, de l’Horeca, des bars et du secteur culturel.” Le remède serait sans conteste pire que le mal pour cet éminent professeur. “Le virus circule, oui, mais il tue beaucoup moins (NdlR : 15 morts par jour en moyenne la semaine dernière, contre plus de 200 en avril). Il faut prendre des mesures pour contrôler les chaînes de transmissions, mais ces mesures existent déjà, il faut veiller à leur application sur le long terme et ne pas en inventer des nouvelles. On note déjà un accroissement du nombre de suicides et du taux de faillite des petites et moyennes entreprises dans un climat d’anxiété qui risque de déstabiliser notre État.”
Il précise que la répartition du virus est inégale entre les villes et circule davantage là où il y a des communautés universitaires ainsi que dans certaines communautés socio-économiques moins favorisées. “Il faut faire de la pédagogie et maintenir les mesures actuelles, en les appliquant de manière optimale”, reprend Jean-Luc Gala. “On pourrait, par exemple, augmenter l’efficacité du tracing ou recommander des masques en tissu, moins coûteux, réutilisables et plus efficaces que les actuels masques en papier dits ‘masques chirurgicaux’ qui protègent moins d’une contamination virale par aérosol telle que celle du coronavirus. En outre, des tests plus ciblés doivent être réalisés afin d’éviter l’encombrement des chaînes de dépistage et la pénurie en réactifs.”
Il propose également d’en finir immédiatement avec le numerus clausus qui limite le nombre d’étudiants en médecine diplômés. “Cela permettrait d’augmenter le pool de médecins et notamment de renforcer le nombre de généralistes, conclut-il. Enfin, il faudrait une revalorisation salariale du personnel de 1re ligne (infirmiers, aides-soignants). Ils font un boulot financièrement peu valorisé, extrêmement pénible, dans un stress et une fatigue extrême, pour la population.”
Il dresse enfin le constat que le virus circule abondamment chez les jeunes qui n’adhèrent pas vraiment aux mesures recommandées. “Le Covid les affecte nettement moins, ce qui rend contre-productive toute tentative de coercition dans ce groupe”, pose-t-il. Il recommande de jouer l’alternative d’une “immunité sub-collective” rapide en passant un contrat avec les jeunes : “Soyez des citoyens responsables : protégez-nous et protégez vos parents, grands-parents et les groupes vulnérables en respectant strictement toutes les mesures de protection indiquées. Mais ne renoncez pas complètement à votre vie sociale.”