Report des soins, l'inquiétude grimpe : “Il faudra 5 ans pour tout rattraper”
Marcel Van der Auwera, à la tête du service d’aide d’urgence du SPF Santé publique, révèle l’impact actuel du Covid sur les soins.
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Publié le 16-12-2021 à 10h59
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Les chiffres clés de l’épidémie de Covid-19 sont en baisse en Belgique mais la situation dans les soins intensifs reste sous haute pression. D’ailleurs, on semble plutôt se trouver sur un plateau plutôt que vers un pic du côté des admissions dans les unités de soins intensifs du pays, selon Marcel Van der Auwera, responsable du Comité Hospital&Transport Surge Capacity, chargé de surveiller au quotidien la situation dans les hôpitaux et de conseiller le gouvernement dans l’optique de garantir des mesures de contrôle adéquates dans les établissements hospitaliers.
"On attend toujours de voir une diminution claire et ce n'est pas parce qu'une baisse est amorcée que l'on va crier victoire, assure-t-il. On voit que le flux entrant diminue mais la pression reste toujours très haute et les sorties ne sont pas assez nombreuses, d'autant plus que le nouveau variant fait craindre une hausse des admissions à l'hôpital dans les jours ou semaines à venir, et ce, même s'il se révèle être un peu moins virulent que le variant Delta." Actuellement, 815 patients se trouvent en unité de soins intensifs sur les 2 000 lits disponibles au total en Belgique. Un total auquel il faut soustraire 800 lits pour les urgences non Covid qui restent inévitables.
"Il faut passer au plus vite sous la barre des 350 lits occupés"
Il resterait donc 1 200 lits dédiés en théorie au Covid mais près de 160 lits sont actuellement fermés pour manque de personnel, la marge de manœuvre reste donc étroite et la menace du variant Omicron inquiète les directions d’hôpitaux tout comme le personnel soignant.
Pour revenir à un niveau acceptable et rééquilibrer la charge de travail entre soins Covid et non Covid, il faudrait redescendre à 350 patients Covid en soins intensifs, estime Marcel Van der Auwera
"Le système hospitalier pourra alors retrouver une forme de répit. Au-delà des 500 patients, on voit d'ailleurs qu'il y a déjà un impact sur les soins de routine." Car des patients souffrant d'une forme grave du Covid-19, il y a des soins qui n'attendent plus et d'autres qui mettront des mois voire des années à être effectués. "Il faudra un an et demi pour récupérer les opérations essentielles qui ont été reportées, on parle ici d'intervention qui doit être faites mais qui n'ont pas pu l'être à cause de la situation Covid, comme des ablations de tumeurs qui ont dû être postposées et pour lesquelles on ne peut plus attendre sinon il va y avoir des soucis pour les patients en question. Et à côté de ça, il y a les interventions non essentielles, les interventions esthétiques mais aussi des interventions non urgentes auprès des enfants, comme la pose d'un diabolo dans l'oreille des enfants pour ceux qui ont beaucoup d'otites ou encore les dents de sagesse chez les plus grands." Et de conclure : "Ce ne sont pas des soins essentiels tant qu'ils ne posent pas de problème à court terme mais ils doivent être faits. Et pour ce type de soins, il faudra compter cinq ans pour tous les rattraper, c'est ce que dit le rapport d'audit interne réalisé suite à la quatrième vague, qui tient compte de l'impact du report des soins."