"Je n'ai jamais vu un tel niveau de détresse": François a déboursé 8000 euros pour rapatrier une quarantaine de réfugiés depuis la frontière ukrainienne
Ce Bruxellois de 38 ans a loué un car pour se rendre à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine. Il est rentré dans la nuit de jeudi à vendredi, "complètement lessivé".
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/2239d798-eea4-4190-8357-0c105195e45b.png)
- Publié le 04-03-2022 à 11h34
- Mis à jour le 04-03-2022 à 13h31
/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/NPZX7RQH6VH35NCOCK5NCLNDCA.jpg)
Mission accomplie pour François Dvorak ! Ce Bruxellois de 38 ans est parti mardi matin à bord d'un car pour prendre en charge une quarantaine de réfugiés à la frontière ukrainienne. Il est rentré ce vendredi matin, "complètement lessivé", confie-t-il. L'aventure lui aura coûté 8000 euros.
Le trajet aller a duré une bonne vingtaine d'heures. "Nous avons dormi à l'hôtel et vers 7h du matin, je me suis rendu à la frontière pour prendre en charge les réfugiés", explique-t-il.
Sur place, plusieurs centres d'aide humanitaire tenus par des citoyens sont dressés pour permettre aux réfugiés de se reposer. "On trouve des foodtrucks, des tentes, médicaments, vêtements, nourriture, cafés, soupes, etc. Je suis resté là bas durant toute la journée de mercredi pour faire du repérage et tenter de prendre des personnes en charge mais personne ne réagissait. Je me suis alors adressé à un policier qui m'a conseillé de me rendre à un centre d'accueil situé plus loin de la frontière", poursuit François.
Une fois arrivé au centre d'accueil du Parkowa 5, c'est le chaos qui règne, avec des personnes déboussolées arrivant d'un peu partout. "J'ai assisté à des scènes traumatisantes, comme cette femme qui s'est mise à exploser en pleurs. Elle venait d'apprendre que son mari avait été tué au combat. Quand on vit ce genre de moment en direct, cela vous prend à la gorge. C'était émotionnellement très fort. Les gens arrivent exténués, sur les nerfs. Il s'agit surtout de femmes et d'enfants. Les réfugiés se retrouvent sans leurs affaires, avec des inconnus, dans un pays qu'ils ne connaissent pas", poursuit François.
Le Belge a déjà fait des missions en Libye et s'occupe encore aujourd'hui des sinistrés des inondations de juillet "mais jamais je n'ai vu un tel niveau de détresse."
Durant toute la journée, il a approché des réfugiés pour leur proposer un trajet. "Ils voulaient tous aller dans les pays limitrophes où vivent des proches, mais pas jusqu'à Bruxelles. Vu que toutes les femmes sont avec les enfants et que leurs époux sont sur le champ de bataille, elles préfèrent ne pas partir trop loin. Certains voulaient aller en Allemagne mais pas plus loin. Je n'ai pas croisé un seul ressortissant belge ou européen, qui vivent pour la plupart à Kiev et qui ont dès lors fui encore plus au Nord de la Pologne."
Le car s'est mis en route mercredi vers 17h30. "Les mines étaient fermées. J'ai déposé une partie des réfugiés à Lublin en Pologne et une autre partie à la gare centrale de Berlin. Désormais, ma mission est réussie. Je suis content d'avoir pu mettre une quarantaine de personnes en sécurité", ajoute François, qui est arrivé jeudi en fin de journée à Bruxelles.
Ce périple aura eu un fameux coût pour François, qui a dû débourser 8000 euros de sa poche pour la location du car. "J'ai trouvé 10 cent ukrainien dans le bus", sourit François, qui n'a pas perdu son sens de l'humour. "J'espère qu'avec la solidarité, j'arriverai à me faire rembourser et à investir un nouveau trajet mais là je ne pense qu'à me reposer quelques jours !"