La moitié des volontaires partis en Ukraine est rentrée en Belgique : “On ne voulait pas servir de chair à canon inutilement”
Plus de la moitié des volontaires belges partis combattre en Ukraine sont déjà de retour.
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- Publié le 25-03-2022 à 06h44
- Mis à jour le 25-03-2022 à 20h45
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Vingt jours après leur arrivée sur le front de la guerre en Ukraine, plus de la moitié des 18 volontaires belges sont déjà rentrés au pays. Certains ont sous-estimé la situation et ne s’attendaient pas à un tel carnage, tandis que d’autres ont dû rentrer pour raison médicale.
C'est le cas de Jacques Martin, 51 ans, originaire de Flémalle, qui a été blessé lors du bombardement du camp militaire de Yavoriv, dans la région de Lviv, qui a fait 35 morts et 134 blessés. "Je suis rentré le samedi 19 mars sur ordre de mon état-major, afin de pouvoir faire ma convalescence en Belgique. J'espère pouvoir retourner combattre en Ukraine dans deux semaines."
Le bombardement est survenu le dimanche 13 mars à l'aube. "À 5 h 30, la caserne a été bombardée par des missiles tirés depuis la Biélorussie. Les Russes visaient le bâtiment où nous nous entraînions. On dormait dans le dortoir lorsque l'alarme a retenti, indiquant des frappes imminentes. On s'est rapidement extirpé du bâtiment. J'étais sur le parade ground, la grande cour du camp militaire où se tiennent les rassemblements, lors du premier impact. J'ai littéralement été soufflé par l'explosion. Une bonne partie de la caserne a été détruite ainsi que notre abri, et on s'est donc réfugié dans les bois. J'ai cru que j'étais devenu sourd. Mon tympan a percé et j'ai perdu l'ouïe pendant quatre heures. J'ai eu une commotion cérébrale et un poignet cassé", poursuit ce volontaire qui s'était engagé lors de la guerre de Yougoslavie en 1991 auprès des forces croates.
Jacques Martin est resté aux alentours de la caserne détruite et a été soigné par la médecine volante. "J'ai été emmené à l'hôpital militaire et on m'a gardé en observation jusqu'à ce que je sois apte à rentrer en Belgique. J'ai alors pu prendre un vol depuis Lubin en Pologne."
Lors de ces deux semaines sur place, Jacques Martin a participé à plusieurs missions de surveillance contre les saboteurs russes présents à Lviv. "Nous avons pu intercepter trois saboteurs qui marquaient électroniquement des bâtiments stratégiques afin d'orienter les missiles. Nous avions par ailleurs des entraînements spécifiques pour apprendre à manier notre fusil-mitrailleur fourni sur place. L'organisation était optimale au vu des circonstances, avec une légion étrangère qui a dû s'organiser en urgence dans un pays en guerre", poursuit-il.
Des manquements étaient toutefois observés au niveau de la coordination de la hiérarchie. "Les militaires qui constituaient la légion étrangère au camp d'entraînement venaient de 56 pays, dont la Corée, Singapour ou le Japon. Nous manquions de matériel et la coordination entre les hauts gradés n'était pas toujours optimale à cause de la barrière de la langue. Le bombardement a entraîné pas mal de désorganisation. Nous étions alors mal armés et mal protégés. Certaines personnes ont donc préféré rentrer plus tôt, plutôt que de mourir inutilement, et ça, on ne peut pas leur en vouloir", poursuit Jacques Martin. "Certains volontaires ont sous-estimé la situation et ne voulaient pas servir de chair à canon. Le terrible bombardement du camp militaire leur a fait peur et ils ont donc décidé de rentrer."
Au total, ce ne sont pas moins de 20 000 personnes qui ont rejoint la légion étrangère. Jacques Martin est bien déterminé à retourner sur le front une fois qu'il sera rétabli. "Je m'attendais à des conditions aussi extrêmes et je tiens à y retourner pour défendre la liberté, la souveraineté de l'Ukraine face à l'horreur des Russes."