Mathieu Bihet (MR) est de retour à la Chambre des représentants : "Tout n’est pas dans les mains du fédéral"
Le député libéral Mathieu Bihet défend une politique coordonnée entre les différents gouvernements.
Publié le 25-08-2022 à 07h58 - Mis à jour le 26-08-2022 à 14h04
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À la rentrée, Mathieu Bihet revient à la Chambre des représentants. Féru de droit social et de constitutionnalisme, l’élu libéral espère pouvoir siéger dans la commission de la révision de la constitution et dans celles des affaires sociales.
Quel est le dossier qui vous intéresse particulièrement pour la rentrée ?
"La réforme des pensions. La première proposition de loi que j’avais faite à l’époque où j’étais au Parlement était de permettre aux personnes pensionnées et retraitées de revenir travailler sans que ça n’ait d’impact négatif sur leur pension."
Avez-vous l’impression que la vision libérale a été oubliée lors des négociations sur les pensions ?
"Non, pas vraiment. Nous sommes ici face à un accord a minima. On est sur le plus petit dénominateur commun aux différentes sensibilités. Pour moi, cette réforme aurait dû être plus ambitieuse. Si à un moment donné, on ne se met pas dans la tête qu’il faut davantage récompenser le travail pendant et après la carrière, le système ne peut pas tourner. Il faudra un deuxième volet de cette réforme."
Pour les libéraux, la solution pour renflouer les caisses de l’État passe par une hausse du nombre de travailleurs.
"C’est la meilleure des solutions ! Un travailleur actif consomme, produit et il n’a plus d’allocations de remplacement. Augmenter le taux d’emploi, c’est la meilleure situation à laquelle le travailleur peut être. Ça lui permet d’avoir des années de carrière pour sa pension. C’est aussi la meilleure pour les entreprises. Combien d’entre elles ne cherchent pas de collaborateurs ?"
Cette solution est avancée depuis des années. Pourtant, elle ne se concrétise jamais…
"On peut et on doit le faire. Pour atteindre les objectifs que l’Europe nous assigne mais également pour ceux qu’on s’est assigné par l’accord de gouvernement. C’est en ça que ce n’est pas une lubie libérale. Mais il faut aussi se donner les moyens de le faire. Tout n’est pas dans les mains du fédéral. L’activation des demandeurs d’emploi est une matière qui est régionale. Et qui, en région wallonne, est aux responsabilités ? Les trois mêmes partis qu’au gouvernement fédéral. La ministre de l’Emploi régionale [Christie Morreale, PS] est du même parti que le ministre de l’Emploi fédéral [Pierre-Yves Dermagne, PS]. C’est quand même pratique. Il y a moyen d’avoir une politique coordonnée. Il y a un momentum pour le faire."
Est-ce que vous militez également pour une simplification des institutions ?
"Je suis un grand partisan. J’ai d’ailleurs écrit mon mémoire sur la refédéralisation des compétences. Je pense qu’il faut simplifier le paysage institutionnel francophone. Dire qu’il faut attendre les Flamands est une mauvaise excuse. On pourrait avoir des gouvernements avec des ministres à double casquette, rendre les choses plus cohérentes. Aujourd’hui, des politiques publiques sont menées et elles ne sont pas toujours efficientes parce qu’elles sont dispersées. Il faut simplifier pour revenir à des politiques publiques plus nettes, plus efficaces et moins coûteuses."
Est-ce que ce débat sera mené durant cette législature ?
Je ne pense pas. C’est un sujet très politique.
De retour sur les bancs du Parlement

Élu en 2012, le député Mathieu Bihet a eu très tôt le goût de l’engagement politique.
En septembre, Mathieu Bihet reviendra au Parlement fédéral pour prendre la place de Kattrin Jaddin dont il était le suppléant. La députée germanophone laisse son siège pour rejoindre la Cour constitutionnelle.
C'est la deuxième fois que le Neupréen de 31 ans endosse le costume de député fédéral après un passage en suppléance de Daniel Bacquelaine lorsque ce dernier était ministre des Pensions dans le gouvernement Wilmès II. Cette expérience comme député de la majorité au sein d'un gouvernement minoritaire a renforcé sa conviction en la nécessité d'avoir un accord de gouvernement clair, "une feuille de route, un cadre budgétaire" que tout le monde doit suivre.
À l'époque du comité ministériel élargi (Kern +10), "c'était la foire au Parlement", se souvient-il. "Des accords se nouaient entre partis qui aujourd'hui diraient qu'ils ne se sont jamais mis d'accord. Ça dépendait un peu de la contingence."
Mathieu Bihet est également premier échevin à la commune de Neupré depuis 5 ans. "C'était particulier d'arriver à ce poste et de faire face à des agents communaux qui avaient parfois le double de mon âge".
Son goût pour la politique lui est venu très tôt. Il n'avait pas 20 ans lorsqu'il est devenu mandataire à Neupré, cette commune de près de 10 000 habitants dans l'arrondissement de Liège. À 23 ans, Mathieu Bihet devient président des Jeunes MR qui comptaient près de 10 000 membres. Un poste qu'il estime chargé en responsabilité pour son jeune âge, car il implique également d'être membre du conseil de parti. Diplômé en droit public, il est également délégué général du MR. Ce poste sera toutefois redistribué à la rentrée. Le libéral est également passionné de politique française, ce qui l'a mené à devenir membre du comité Horizons, le parti d'Édouard Philippe. L'ancien Premier ministre de Macron est quelqu'un à qui il voue "une admiration certaine". L'élu MR est également administrateur à la SNCB et il siège au conseil d'administration de l'Union des villes et communes. Grand fan du Standard, "même si c'est toujours compliqué", il joue aussi au padel.