Nicole De Moor lance une campagne “Vous n’êtes pas les bienvenus” à destination des demandeurs d’asile “Dublinés”
Ces messages de dissuasion sont diffusés sur les médias sociaux des pays concernés et dans la langue du pays.
Publié le 26-01-2023 à 06h38
”Les mineurs non accompagnés reçoivent un soutien financier moins important en Belgique”. “La politique de la Belgique en matière d’évaluation des demandes d’asile des Afghans a été durcie”. “Vous pensez avoir plus de chances d’obtenir l’asile dans un autre pays ? Ce n’est pas vrai”. “Les mineurs non accompagnés reçoivent un soutien financier moins important en Belgique.”
Voici quelques des slogans que l’on retrouve dans la nouvelle campagne de dissuasion lancée par la secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Nicole de Moor (CD&V). Ces messages, publiés sur les médias sociaux, sont paramétrés pour cibler précisément les demandeurs d’asile qui souhaiteraient se rendre en Belgique alors qu’ils sont dans le cadre d’une procédure “Dublin”. Ces publications visent les Afghans, les Burundais ou encore les Érythréens, et elles sont écrites dans la langue du pays concerné.
Ces phrases offensives sont accompagnées d’explications. “Tous les États membres de l’Union européenne appliquent toujours le règlement de Dublin. Cela signifie que vous serez toujours renvoyé vers l’État membre dont vous dépendez”. “La violence aveugle en Afghanistan a diminué. Par conséquent, le statut de protection subsidiaire n’est plus accordé aux Afghans”. “Le gouvernement flamand a décidé de réduire de deux tiers l'allocation de scolarité pour les mineurs non accompagnés. L’argent ne peut être utilisé que pour payer vos études en Belgique.”
Les Moldaves sont aussi visés
Parallèlement, des prospectus sont distribués aux demandeurs d’asile moldaves qui ont déjà demandé une protection internationale dans d’autres États membres européens. Ces prospectus sont distribués au centre d’arrivée. “Les Moldaves n’ont guère de chance d’obtenir l’asile dans notre pays”, explique le cabinet De Moor. “L’année dernière, seuls 1 % des demandeurs d’asile moldaves ont obtenu une décision positive.”
Sur ces prospectus distribués depuis mai 2022, on peut lire les avertissements suivants. “La Belgique vous renverra dans le pays européen où vous avez précédemment demandé l’asile. Il est donc inutile de tenter votre chance en Belgique après avoir demandé l’asile dans un autre pays.”
Objectif de ces campagnes ? Convaincre les migrants et réfugiés qui ont déjà été reçus dans un autre État membre de l’Union européenne de ne pas tenter l’expérience en Belgique. Pour la secrétaire d’État, il est urgent de sensibiliser les pays d’origine aux dangers de la migration irrégulière, de combattre les idées fausses portant sur la procédure d’asile, mais surtout d’empêcher les demandeurs d’asile sous la responsabilité d’autres pays européens d’entamer une nouvelle procédure en Belgique.
Pression sur le système d'accueil
En 2022, 47 % des demandeurs d’asile étaient déjà enregistrés dans un autre État membre européen. Cette “migration secondaire” exerce une pression supplémentaire sur le système d’asile et le réseau d’accueil belges.
”Nous avons besoin de toutes les places d’accueil disponibles en Belgique pour les demandeurs d’asile qui se présentent dans notre pays pour demander l’asile”, développe Nicole de Moor. “Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher les demandeurs d’asile qui relèvent de la responsabilité d’autres pays européens d’entamer également une procédure dans notre pays.”
Au mois d’août 2022, un centre Dublin spécialisé où l’on applique des procédures accélérées a été créé pour répondre à cette problématique. Le cabinet De Moor se targue d’avoir pu augmenter les transferts grâce à ce centre, “avec 113 transferts en novembre, contre une moyenne de 70 transferts par mois auparavant”.