Le polyamour compte de plus en plus d'adeptes : "Le couple monogame est en perte de vitesse"
Le polyamour, rejet du couple monogame traditionnel, a le vent en poupe en Belgique.
Publié le 06-02-2023 à 06h14 - Mis à jour le 06-02-2023 à 10h21
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En Belgique, près d'un mariage sur deux se solde par un divorce. Chez les couples non mariés, le taux de séparation est encore plus élevé : selon une enquête de deux sociologues sur base des données de la Banque Carrefour, seul un tiers des cohabitants non mariés sont encore ensemble après quatorze ans.
Si les comptes de fées et les représentations de l'amour romantique ont encore la vie dure au cinéma, dans les romans et à la télévision, dans la pratique, le coupe fidèle qui dure pour la vie se fait rare.
D'ailleurs, dans la tranche d'âge des 25-35 ans, le mariage ne fait plus autant rêver que par le passé. Selon Nota Bene, le magazine des notaires, en vingt ans, le nombre de personnes mariées a diminué de moitié dans cette catégorie. Mais plus que le mariage, c'est le couple tel qu'il est conçu traditionnellement, c'est-à-dire unique, exclusif et pour la vie qui est de plus en plus remis en question au profit d'autres modes de relations qui se veulent plus libres et ouverts.
C'est ce que prônent notamment les polyamoureux, qui n'hésitent plus à remettre en question l'idée même de monogamie et à revendiquer leur droit de mener de front plusieurs relations amoureuses. C'est le cas de Didier et de Stéphanie (voir ici) mais aussi de nombreuses autres personnes qui ont répondu à un appel à témoignage adressé sur les réseaux sociaux. "Il y a un gros changement culturel en vue", affirme Didier, polyamoureux depuis vingt ans.
"Le couple monogame est en perte de vitesse. Dans les faits, on peut dire qu'il n'existe quasiment plus. Les personnes qui vivent avec la même personne toute leur vie sont devenues très rares. En fait on est quasiment tous polyamoureux mais de manière séquentielle : on rencontre quelqu'un puis on se sépare puis on se remet en couple et ainsi de suite. Pour moi c'est évident, la monogamie ne fonctionne pas. La preuve : 50% des mariages se terminent par un divorce. Sans parler de l'infidélité : énormément de personnes trompent leur compagnon ou compagne en cachette à cause de cet accord implicite selon lequel entretenir des relations en dehors d'un couple unique est interdit. avec le polyamour, il n'y a pas cette hypocrisie", argumente-t-il.
Selon le socio-anthropologue Pierre-Yves Wauthier , qui a consacré une thèse à ce sujet, le polyamour est de moins en moins tabou. "On en parle de plus en plus dans la société. Le nombre de personnes s'intéressant au polyamour augmente d'année en année. Dans le même temps, avec l'augmentation du nombre de divorces et un faible nombre de mariages. On assiste à une éphémérisation du couple. Ce sont tous des phénomènes qui indiquent que les gens se posent des questions sur le couple et sur ce qui fait durer la relation. En fait, cette question de savoir si on peut avoir plusieurs relations a toujours été présente", affirme-t-il.