Dans la course à la semence, la Belgique fait face à une pénurie de donneurs de sperme: "Deux tiers de nos stocks sont importés au Danemark"
Vu que les donneurs se font de plus en plus rares chez nous alors que les demandes augmentent, la Belgique importe à l’étranger, notamment au Danemark.
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Publié le 11-02-2023 à 15h11 - Mis à jour le 11-02-2023 à 15h18
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En Belgique, on estime que deux banques du sperme sur trois doivent importer des semences masculines depuis le Danemark. Les donneurs se font en effet de plus en plus rares alors que les demandes sont en hausse au sein des centres spécialisés. Conséquence, les délais d’attente peuvent être très longs, il faut parfois attendre jusqu’à un an pour en obtenir.
“En clair, dans la plupart des services de procréation médicalement assistée, il en faudrait quatre fois plus pour répondre positivement à la demande, souligne Herman Tournaye, responsable de Brussels IVF, le centre de médecine de la reproduction à l'UZ Brussel. La pénurie au niveau des donneurs est énorme, on doit donc en importer du Danemark. Chez nous par exemple, au moins deux tiers de nos stocks sont importés. Il y a eu des débats au niveau politique et dans la presse pour savoir si cela devait rester anonyme et on voit que ça en a découragé certains, qui le font par altruisme mais ne veulent pas avoir d’attaches ni être impliqués plus par la suite. Il peut y avoir aussi l’intérêt financier. Ceci dit, on empoche seulement entre 75 et 100 euros en Belgique”.
Chez nous, le Comité consultatif de bioéthique a recommandé de lever l’anonymat obligatoire des donneurs de sperme, dans un avis daté du 5 décembre adressé au ministre de la Santé publique, Frank Vandenbroucke.
Une réflexion sur la fin de l’anonymat lancée en Belgique
En Belgique, les donneurs sont donc à ce stade soit des anonymes volontaires qui souhaitent pouvoir aider un autre couple à concevoir, ils reçoivent alors une petite compensation, entre autres, pour la perte de salaire engendrée par le temps nécessaire au don, soit ils sont considérés comme donneurs connus, il s’agit ici le plus souvent d’un ami proche du couple qui va donner du sperme directement à une femme ou à un couple, ce qui permettra eventuellement à l’enfant plus tard d’avoir accès à ses origines.
À l’UZ Brussel comme partout en Belgique, le don de sperme au sein de la banque est donc strictement anonyme. De même, aucune information concernant la ou les receveurs n’est bien évidemment accessible aux donneurs. Pour rappel, le don de sperme non anonyme (soit le don connu dirigé) résultant d’un accord entre le donneur et le ou les receveurs est autorisé (Art 57. de la loi du 6 juillet 2007). Mais dans ce cas, les dons seront exclusivement à usage de la receveuse désignée par une convention. Si par le passé, plusieurs propositions de loi ont été déposées en Belgique, notre pays ne suit pour le moment pas la tendance européenne vers une levée de l’anonymat.
“Au Danemark, la loi stipule que désormais, le donneur peut choisir d’être anonyme ou non. Et des études se sont intéressées à ce changement et elles révèlent qu’il y aurait de moins en moins de donneurs aujourd’hui, je crois donc qu’il faut trouver un équilibre. Aux Pays-Bas aussi les donneurs sont désormais identifiables avec une période grise. Peut-être que dans dix ans, on pourra définitivement changer cela mais il faut aussi prendre en compte les dérives et les donneurs sauvages car beaucoup de femmes passent désormais par internet pour trouver un donneur plus rapidement”, prévient-il.