"Madame, est-ce que la taille, ça compte?" : immersion dans un cours d'éducation sexuelle en 5ème secondaire
Ce jeudi, au programme du cours de religion des élèves de cinquième tourisme de l'Institut des Ursulines (Koekelberg), il n'est pas question de Jésus ni de Marie mais de clitoris, de pénis et d'orgasmes.
Publié le 20-02-2023 à 11h46
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Pour la huitième fois cette année, leur professeur de religion accueille dans sa classe Aurélie d'InforJeunes Laeken afin qu'elle discute éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle avec ses élèves. Au programme de l'heure : l'anatomie des appareils reproducteurs masculin et féminin. "Pourquoi est-ce si important de connaître l'anatomie masculine et féminine", lance Aurélie, à la dizaine d'élèves qui composent la classe. "Parce que c'est important de savoir comment fonctionne son corps et celui des autres?", avance timidement un adolescent. "Bien!", répond Aurélie. "Mais aussi parce que ça permet de voir qu'au final, les hommes et les femmes ne sont pas si différents."
Tout l'atelier se déroule en mixité, sur demande de leur enseignante de religion. "Je ne voulais pas avoir d'un côté un cours sur les règles pour les filles et de l'autre, un cours sur l'anatomie masculine pour les garçons. Je trouve que c'est important de savoir comment fonctionne l'autre sexe. C'est aussi l'occasion d'aborder des questions comme la charge financière que représente la contraception."
Les élèves se montrent participatifs. "Madame, est-ce que la taille du pénis, ça compte?", interroge un élève. "C'est quoi l'excision?" "Pourquoi après l'accouchement, le ventre des femmes reste gros?", demande une autre. "De manière générale, les jeunes sont super curieux. Souvent, ce sont les adultes les plus fermés sur ces questions. Les élèves sont déjà au courant de beaucoup de choses, ils ont accès à énormément d'informations via les réseaux sociaux mais ils ne consultent pas toujours les bonnes sources. Il est important qu'ils puissent avoir des réponses justes à leurs questions", argumente-t-elle.
Certaines thématiques sont toutefois plus sensibles auprès de certains élèves. Lors d'une seconde animation, donnée le même jour à une autre classe de cinquième secondaire, des élèves ne cachent pas leur malaise. "On n'a pas grandi dans cette mentalité. Pour moi, chacun doit faire ses recherches de son côté, ce n'est pas à l'école qu'on doit parler de ça", déclare une élève. "Je ne veux pas que mon père me voie parler de ça", indique une autre. Le blocage est total.
Une fois les élèves dehors, Aurélie ne cache pas sa déception. "Certains sujets restent très sensibles. C'est le cas de la transidentité. Certains élèves considèrent encore que c'est de la perversion. Ils sont très mal à l'aise, surtout avec les femmes trans. Certains les voient comme des pervers qui trouvent un prétexte pour espionner les filles dans les vestiaires. Certains élèves sont complètement fermés et estiment aussi que l'éducation sexuelle et affective est quelque chose de personnel. Ils ont en partie raison mais je veux leur faire comprendre que ce qu'ils apprennent en classe doit venir en complément de ce qu'ils apprennent en famille. Dans d'autres écoles, ce sont carrément les profs qui nous demandent de ne pas aborder certaines thématiques, typiquement, l'homosexualité parce qu'ils reçoivent des pressions de certains parents. Il y a encore du boulot."