L'école obligatoire dès trois ans? “Il ne faut pas faire peur aux enfants”

Ce lundi après-midi, trois experts de l'enseignement ont été invités à faire part de leur position sur la question au Sénat. Parmi eux, Etienne Michel, président du SeGEC (Secrétariat général de l'enseignement catholique).

Selon lui, la fréquentation de l’école maternelle par la quasi-totalité des enfants en bas âge représenterait une opportunité de lutte contre l’échec scolaire.

"La fréquentation de la classe d'accueil est tout bénéfice pour le développement de l'enfant particulièrement pour les enfants qui ne maitrisent pas la langue d'enseignement et pour les enfants qui ne connaissent encore que l'univers restreint de la famille donc tout spécialement pour les enfants de milieux défavorisés. Aujourd’hui, des experts de l'enseignement et de l'enfance comme ceux de la lutte contre la pauvreté soulignent combien l'école maternelle est fondamentale pour le développement de l'enfant, pour l'apprentissage de la langue, pour permettre l'accrochage au système scolaire et ainsi diminuer le risque d'échec en primaire, secondaire et supérieur.", a-t-il expliqué.

Amélioration des compétences linguistiques, de la capacité de compréhension, meilleure scolarisation ultérieure, meilleurs résultats en mathématiques, meilleur taux d'obtention ultérieur de diplômes... Les effets positifs d'une scolarisation précoce ont été démontrés par plusieurs études.

Interrogé au Sénat lundi, un représentant de la Ligue des familles a par ailleurs rappelé les avantages d'une scolarisation précoce des enfants de milieu précaire sur la criminalité et les assuétudes.

Selon l'association, pour qu'un abaissement de l'âge de la scolarisation soit réellement efficace, plusieurs conditions doivent être réunies. Il s'agit entre autres d'une amélioration de la qualité de l'accueil, d'une renforcement de la formation des enseignants et mécanismes favorisant la mixité sociale dès la maternelle.

La Ligue des familles s'oppose également aux sanctions financières et menaces d'emprisonnement pesant sur les parents ne respectant pas les règles, les jugeant contre-productives.

L’abaissement à 3 ans de l’âge de l'obligation scolaire ferait de la Belgique, le pays de l’Union européenne (avec la France) où l'obligation scolaire serait la plus longue, à savoir 15 années. Tous les partis francophones ne partagent toutefois pas la même vision de ce que cette obligation signifierait concrètement.

Ecolo se prononce ainsi en faveur d'une inscription obligatoire dès 3 ans mais ne souhaite pas obliger la fréquentation. "Nous sommes favorables à une obligation à partir de trois ans, avec une nuance importante par rapport à la proposition du MR. C'est dans les premières années de l'enfant que tout se joue et qu'on peut lui permettre de s'émanciper et devenir libre de ses choix une fois adulte, notamment pour les populations les plus défavorisées. Mais nous ne sommes pas en faveur d'une obligation de fréquentation. Les choses doivent se faire de manière progressive pour ne pas faire peur aux enfants. Obliger la fréquentation augmenterait la pression sur les enfants et nous ne voulons pas de transition brutale.", explique Kalvin Soiresse, député écologiste à la Fédération Wallonie-Bruxelles.