Un Belge sur cinq de plus de 75 ans souffre d’une forme de démence: "Tous les deux jours, une personne Alzheimer disparaît"
Le corps sans vie d’Emilietta Chini, une dame de 75 ans souffrant de démence, a été retrouvé dans un bois ce mardi midi. En Belgique, 210.000 personnes souffrent d’une forme de cette maladie.
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Publié le 01-03-2023 à 06h37
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Après sept jours de recherches intensives, le corps sans vie d’Emilietta Chini a finalement été retrouvé dans un bois de la commune de Maasmechelen. Cette dame âgée de 75 ans souffrait de démence. Elle avait quitté son domicile d’Eisden-Tuinwijk mercredi dernier en fin d’après-midi. Elle avait demandé la direction d’une rue à un riverain, puis n’avait plus été vue. La police a tout mis en œuvre pour la retrouver, en vain.
En Belgique, l’on estime à 210.000 le nombre de personnes atteintes d’une forme de démence, soit un Belge de plus de 75 ans sur cinq, dont la plus répandue est la maladie d’Alzheimer. Ce nombre est amené à augmenter suite au vieillissement de la population.
”Tous les deux jours, une personne âgée souffrant de démence disparaît dans notre pays”, explique Sabine Henry, présidente de la ligue Alzheimer. “Il est très compliqué de lutter contre ce phénomène étant donné que l’errance est un des symptômes de la maladie d’Alzheimer. Afin de tout de même tenter d'anticiper le risque de disparition, un protocole a été signé il y a dix ans entre la ligue Alzheimer et la cellule des personnes disparues de la police fédérale.”
"La fiche identitaire permet de gagner 30 à 45 minutes"
Le protocole de disparition vise ainsi à pouvoir intervenir le plus rapidement possible. “Il consiste en une fiche identitaire qui reste au domicile de la personne, avec toutes les informations utiles pour retrouver la personne disparue. On saura ainsi où la personne a grandi, vécu, travaillé. Quels sont les endroits qu’elle aime et où elle serait susceptible de se retrouver. La police peut alors rapidement lancer les recherches. Cette fiche permet de gagner 30 à 45 minutes”, poursuit Sabine Henry.
Le formulaire, à retrouver ici, est partagé avec les zones de police, les maisons de repos, les médecins traitants. “Si une personne disparait et qu’on ne la retrouve pas dans les vingt minutes, il faut appeler la police. La fiche identitaire sera alors utilisée afin d’éviter toute perte de temps avec une longue interrogation de l’environnement et des proches de la personne”, poursuit-elle.
Le tracing se heurte au respect de la vie privée
Du côté du centre flamand d’expertise de la démence, l’on plaide pour le tracing des personnes souffrant de démence via des applications mobiles. Mais cette proposition se heurte à des obstacles juridique et éthique. “Le problème, c’est que les personnes qui souffrent de ce type de maladie n’ont pas toujours de smartphone ou de carte bancaire sur eux, et certains refusent d’être tracés. On ne peut donc pas les obliger à avoir un capteur GPS sur eux car on enfreint alors leur autonomie. Ces personnes ont, eux aussi, la liberté de pouvoir se promener. Nous avons par exemple eu un cas d’une personne qui ne souhaitait pas être tracée car il avait une double vie. C’est le respect de la vie privée”, précise Sabine Henry.
Un colloque consacré à la démence le 5 avril
Ajoutons que la Ligue Alzheimer organise son colloque le 5 avril à l'auditoire Socrate (UCL, Louvain-la-Neuve). Le thème de cette année est "démences au pluriel : la personne au singulier". "Vous aurez l’occasion d’entendre nos orateurs sur les sujets du diagnostic et du travail en réseau, des démences précoces et de leur accompagnement spécifique, de l’état actuel de la recherche scientifique mais aussi d’échanger avec des représentants de maisons de repos, des soins à domicile, des soignants au sens large ainsi que d’écouter le témoignage de familles directement concernées par la maladie lors de notre table ronde de l’après-midi", conclut Sabine Henry.