Le coup de gueule de Marie: "Je suis prof depuis 35 ans et je veux être évaluée"
Marie estime que les enseignants devraient pouvoir être écartés plus facilement en cas de dysfonctionnements
Publié le 02-03-2023 à 06h44 - Mis à jour le 02-03-2023 à 09h49
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L’évaluation des enseignants, volet sensible du Pacte pour un enseignement d’excellence, les organisations syndicales n’en veulent pas. En tout cas, pas telle qu’elle leur a été présentée par la ministre de l’Education Caroline Désir. Mais chez les enseignants, tout le monde ne refuse pas le décret en bloc. Marie (prénom d’emprunt) enseigne en secondaire depuis 35 ans et se positionne en faveur de l’évaluation, qu’elle estime nécessaire pour éliminer les enseignants aux comportements abusifs envers des élèves.
“L’évaluation des profs, je suis tout à fait pour! Parmi mes collègues, il y a des gens qui n’ont rien à faire dans une école, au contact des élèves, et qu’on n’arrive pas à écarter parce qu’ils sont nommés. Pour moi, les avantages liés à la nomination devraient également disparaître. Il n’est pas normal qu’une collègue qui se montre agressive avec les élèves, les insulte et se montre discriminante envers certains enfants puisse continuer à donner cours malgré plusieurs plaintes”, explique-t-elle.
Marie regrette par ailleurs le manque d’évaluations dont elle a elle-même fait l’objet au sein de sa déjà longue carrière.
"Beaucoup de profs n'ont pas leur place dans une école"
“Les deux premières années, j’ai été contrôlée huit fois par la direction, par des collègues, par le pouvoir organisateur et par des inspecteurs de la Fédération Wallonie-Bruxelles puis j’ai été nommée très rapidement. Depuis, je n’ai plus jamais été inspectée alors que les programmes ont changé plusieurs fois. J’ai même des collègues qui ont été nommés sans jamais avoir été inspectés. Ce n’est pas normal, c’est la qualité de l’enseignement qui est en jeu. Autour de moi, entre les enseignants malades, les enseignants alcooliques, ceux qui savent animer une classe mais ne maîtrisent pas le programme, il y en a beaucoup qui n’ont pas leur place dans une école mais qui ne pourront jamais été remplacés par des professeurs plus compétents.”
Un deuxième tour de négociations sur le projet d’évaluation des enseignants aura lieu durant la deuxième quinzaine du mois de mars entre la ministre de l’Education, les syndicats et les fédérations de pouvoirs organisateurs. Interrogée à ce sujet au parlement, Caroline Désir a indiqué qu’il s’agissait avant tout d’un dispositif de soutien et d’accompagnement. La ministre a également insisté sur le fait qu’une éventuelle exclusion ne pourrait se faire qu’après une longue procédure en cas de manquements répétés et de mauvaise volonté manifeste de la part de l’enseignant. “On a besoin de ce nouveau décret pour rassurer et retenir les jeunes enseignants”, a-t-elle souligné.