Caroline Désir présente ses projets: “Non, tout ne va pas mal dans nos écoles !”
La ministre de l’Education Caroline Désir présente ses projets pour améliorer notre système éducatif
Publié le 06-03-2023 à 06h44 - Mis à jour le 06-03-2023 à 13h53
Le système éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles est souvent décrié comme l'un des pires de l'OCDE. Est-ce que tout va vraiment si mal dans nos écoles.
“Non heureusement pas ! Il suffit de se rendre dans les classes pour s’en rendre compte : on a des équipes éducatives qui fonctionnent très bien, des enseignants très investis et surtout, on a un plan d’action, le pacte pour un enseignement d’excellence, qui va nous permettre d’améliorer les points de difficulté de notre enseignement. Ce qui nous importe surtout, c’est de réduire l’écart entre les écoles et entre les élèves. Alors oui, il y a beaucoup de choses qui se passent bien, dans lesquelles on a mis des moyens pour y parvenir et il est important de pouvoir le rappeler.”
Avez-vous des exemples?
“Il y a des réformes essentielles qui sont déjà visibles dans les classes et vont continuer à se déployer l’année prochaine. La première, c’est la baisse de l’obligation scolaire à cinq ans et le renforcement de l’enseignement maternel. La première mesure du pacte, ça a été de créer 1 000 emplois supplémentaires pour améliorer l’encadrement en maternelle. On a également établi des référentiels (NDLR, les référentiels sont les documents utilisés par les réseaux pour établir leurs programmes) comme pour les autres niveaux d’enseignement. C’était aussi une façon de reconnaître le travail des enseignants de maternelle et de réaffirmer qu’il s’agit bien d’enseignement et non de gardiennage. Et un autre point important concerne les aides administratives accordées aux directions du fondamental. Les directeurs et directrices du fondamental sont un peu des MAC Gyver. Ils sont débordés par les tâches administratives qui les empêchent de se concentrer sur leur boulot de chef d’établissement et sur les questions pédagogiques. On a donc décidé de dégager un budget de 45 millions par an pour les aider sur le terrain.”
Quid d'une aide pédagogique?
“Je veux aussi ouvrir la porte à une aide éducative. L’enseignement secondaire bénéficie déjà d’une aide contrairement au fondamental. Or, c’est un problème qui est souvent soulevé par les directions. On constate qu’il y a de plus en plus de difficultés concrètes qui se posent dès les primaires sur le terrain, comme des cas de harcèlement et de violence. On travaille déjà sur un plan pour améliorer le climat scolaire car les besoins sont criants.”
Pourquoi avoir concentré autant d'efforts sur l'enseignement fondamental?
“Parce qu’on sait que c’est en maternelle et en primaire que tout se joue au niveau de la construction des apprentissages mais aussi des inégalités. Ce n’est pas pour rien qu’on parle d’enseignement fondamental.”
Les syndicats se plaignent souvent de la taille des classes. Des avancées sont-elles prévus sur ce plan?
“En fait, les chiffres sont très bons. En moyenne, il y a 17,9 élèves par classe en maternelle et 19,7 en primaire. La situation est donc tout à fait acceptable. Le problème, c’est que c’est une moyenne, il y a des classes où c’est beaucoup plus élevé que ça et c’est ça qui ne va pas. L’enjeu est donc de ramener toutes les classes vers cette moyenne.”
Le mois prochain, le dossier d'accompagnement de l'élève commencer à être utilisé dans certains écoles. De quoi s'agit-il?
“C’est un dossier qui va suivre l’élève toute sa scolarité y compris quand l’élève change l’école. Les enseignants vont devoir y mettre tout ce qui est mis en œuvre pour aider l’élève qui a des difficultés persistantes. C’est un peu comme un dossier médical global. Un enfant à qui on n’aura rien proposé pour remédier à ses difficultés ne pourra plus redoubler.”
Ce sera donc à l'enseignant de démontrer qu'il a tout fait pour éviter le redoublement de l'élève?
“Exactement ! Mais il ne faut pas effrayer les enseignants. Ce ne sera pas une charge administrative supplémentaire. On a veillé à ce que ce soit très raisonnable comme charge de travail. Mais il est important qu’on puisse formaliser les difficultés dès qu’elles se présentent et qu’on puisse formaliser la manière dont l’enfant est pris en charge. Il faut bien se rappeler qu’on s’est fixé des objectifs de réduction du redoublement, par conséquent, on doit aussi trouver des manières d’aider les enseignants à faire face aux difficultés des élèves. Avec l’entrée en vigueur du tronc commun est donc arrivé l’accompagnement personnalisé des élèves. Des enseignants supplémentaires sont engagés pour lutter contre l’échec scolaire et le redoublement et mieux tenir compte du rythme de progression de chaque enfant. Concrètement, l’idée est d’avoir deux professeurs en classe quelques périodes par semaine. Pour beaucoup d’écoles, c’est une grande nouveauté. Le fait de mettre côte à côte deux expertises d’enseignants est très positif. Le but est de pouvoir identifier la difficulté avant qu’elle ne devienne insurmontable et entraîne l’échec scolaire.”