Précarité alimentaire, le chiffre qui fait peur : un enfant sur cinq arrive à l’école le ventre vide
La crise économique accentue la précarité alimentaire au sein des familles belges. Une nouvelle enquête dresse plusieurs constats alarmants, notamment le fait qu’un enfant sur cinq arrive le ventre vide à l’école.
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Publié le 07-03-2023 à 06h38 - Mis à jour le 07-03-2023 à 17h35
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Les crises s’enchaînent et n’épargnent pas les ménages belges. Après le Covid, la crise de l’énergie et l’inflation galopante sont venues précariser un peu plus ceux qui l’étaient déjà, et appauvrir toute une autre frange de la population.
Face à cette situation, les enfants sont les premiers impactés. Dans les écoles, les enseignants constatent de nombreuses privations au niveau alimentaire. “Il y a aujourd’hui beaucoup plus de jeunes qui se retrouvent privés de petit-déjeuner qu’avant le Covid, témoigne Élisabeth Verschoore, directrice de l’école Don Bosco à Bruxelles. On parle d’enfants de tous les âges qui arrivent à l’école le ventre vide, il y a une véritable hausse de la précarité, et cela impacte l’alimentation des enfants. Chez nous, on donne régulièrement des petits-déjeuners à l’école, notamment grâce au sponsoring, on fait ce qu’on peut pour leur venir en aide.”
"On voit des jeunes de tous les âges et de tous les profils"
Une enquête menée par Spark Market Research dans toute l’Europe et avec un échantillon belge de mille adultes et cent enseignants, en partenariat avec l’école Don Bosco à Bruxelles, s’est intéressée au niveau de précarité alimentaire dans les familles. Et les résultats sont alarmants.
Chaque semaine, trois enseignants sur quatre voient des enfants affamés à l’école
D’après l’étude menée entre le 12 janvier et le 1er février dernier, on constate que près d’une famille belge sur quatre (24 %) éprouve des difficultés à nourrir ses enfants.
“Quand on compare la situation avec la précédente étude réalisée en 2016, on se rend compte que c’est une hausse de près de 10 %, indique Luc Houben, le directeur général de Spark Market Research et General Manager de Kellogg Benelux. Et pour ce chiffre, près de la moitié des ménages dit ne pas s’être encore remis de la crise sanitaire. Notre enquête, qui est également réalisée un peu partout en Europe, est représentative de la situation au niveau national pour la Belgique. On a voulu s’intéresser à l’impact du coût de la vie sur les comportements quotidiens, notamment à l’école. Et les résultats obtenus envoient des signaux forts en termes de précarité alimentaire, la situation est vraiment alarmante Il est affolant de voir le nombre de personnes qui ont des difficultés en raison de l’augmentation du coût de la vie et son impact sur le quotidien des familles.”
De plus, un enfant sur cinq ne prend pas de petit-déjeuner tous les matins en Belgique et 27 % des répondants admettent réaliser des sacrifices, comme le fait de sauter des repas. Selon l’enquête, trois enseignants sur quatre voient même des enfants être affamés à l’école au moins une fois par semaine.
“Bon nombre de familles auxquelles nous parlons s’inquiètent non seulement de l’avenir en général, mais aussi de la façon dont elles vont se nourrir dans les jours et les semaines à venir, rapporte Élisabeth Verschoore. Nous savons que les personnes les plus vulnérables de la société ont été les plus touchées financièrement par la pandémie de Covid-19 et qu’elles sont maintenant frappées par la crise du coût de la vie. Nous en déplorons aussi les effets en classe. Il y a vraiment urgence à aider les familles.” Face à ce constat, l’enquête révèle que près de 40 % des enseignants apportent personnellement de quoi nourrir certains enfants de leur classe.
On constate également que 53 % des répondants font face à des choix difficiles sur la façon de dépenser leur budget et ne savent pas s’ils pourront nourrir correctement leur famille. Il faut dire que le budget alimentaire est passé de 14 % en 2016 à 25 % en 2023. Plus interpellant encore, environ 55 % des personnes interrogées déclarent éprouver un sentiment de honte lorsqu’on les voit avoir recours à des services telles que les banques alimentaires.