Le parlement veut améliorer la place de la femme: “Les partis pourraient perdre une part de leur financement en cas de non-respect”
Un audit révèle que des avancées doivent encore être faites en matière d’égalité femmes-hommes à la Chambre et au Sénat.
Publié le 08-03-2023 à 07h02 - Mis à jour le 08-03-2023 à 17h11
En 45 ans, le nombre de femmes élues députées à la Chambre des représentants est passé de 14 à 43. Ce qui représente une évolution de 7 % à 43 % des occupants de l’hémicycle de 1974 à 2019. La dernière législature a été l’occasion d’avoir une première femme Première ministre, un gouvernement fédéral intégralement paritaire, la moitié des parlements en Belgique présidés par une femme et, pour la première fois, deux femmes désignées à la présidence de la Chambre et du Sénat.
Ces éléments montrent qu’il y a une amélioration en matière d’égalité femmes-hommes dans la représentativité politique. Ce n’est toutefois pas suffisant, insistent Eliane Tillieux (PS) et Stephanie D’Hose (Open VLD), respectivement présidente de la Chambre et présidente du Sénat.
En 2021, les deux présidentes ont lancé un audit sur les questions de genre au sein du parlement fédéral. Un groupe de travail, composé de membres du personnel, a été constitué pour déterminer dans quelle mesure l’égalité était atteinte à tous les niveaux (infrastructure, communication, budget, prise de parole…).
L’audit révèle que les femmes prennent encore moins souvent la parole que les hommes dans les assemblées, surtout lors des séances plénières ou dans les commissions qui traitent de matières parfois considérées comme plus masculines. Ainsi, les femmes s’expriment moins dans les commissions Finances, Défense ou Intérieur que dans les commissions Santé, Affaires sociales ou Justice. “Les stéréotypes de genre sont encore très présents dans les rôles occupés par les femmes”, analyse Eliane Tillieux.
Mériter sa dotation
Pour améliorer la situation, les présidentes veulent mettre en place un plan d’action. Celui-ci impliquera notamment de désigner un référent aux questions de genre ou encore de créer l’obligation d’indiquer l’impact de genre dans les questions budgétaires.
Appelée pour apporter son expertise de politologue, Emily Van Haute (ULB) juge le travail particulièrement qualitatif. Elle rappelle néanmoins que certaines choses ne sont pas objectivables et émet quelques suggestions. L’une d’elles consisterait à mettre en place une sanction. “Les partis pourraient perdre une part de leur financement s’ils ne respectent pas le règlement encadrant les politiques de genre.” Autrement dit, le respect de l’égalité homme-femme pourrait être un élément à prendre en compte pour mériter sa dotation.
La mise en place de ce plan doit maintenant être discutée au sein du parlement.