Le PTB veut bloquer les prix des denrées alimentaires de base : “Les grosses entreprises contribueront”
Face à l’explosion des coûts des produits de première nécessité, le parti d’extrême-gauche propose de mettre en place un mécanisme de blocage des prix.
Publié le 14-03-2023 à 15h45
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En un an, le prix de certains produits alimentaires a augmenté de plus de 20 %. Selon Statbel, les œufs ont augmenté de 38,6 %, le lait entier de 33,5 %, l’huile de friture de 32 %, les pizzas de 28,6 % et le sucre de 27,5 %. “Impossible de remplir un caddy avec 70 euros aujourd’hui, est-ce que les politiciens s’en rendent compte ?”, déclare Roberto D’Amico, député fédéral PTB.
”Face à l’inflation alimentaire, le gouvernement commande des études mais il ne propose aucune solution”, déplore le politicien, membre de la commission Économie. Le groupe PTB a dès lors déposé une proposition de loi visant à permettre de bloquer les prix des biens alimentaires de base, affirmant que la situation pousse de nombreux Belges à faire leurs courses dans les supermarchés des pays voisins pour économiser de l’argent.
Cette proposition de loi se base sur un précédent. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’arrêté-loi du 22 janvier 1945 sur la réglementation économique et les prix fut adopté afin de lutter contre la spéculation organisée par les profiteurs de guerre. Cet arrêté-loi permettait au Roi de fixer des prix maxima et de “fixer la limite du bénéfice à prélever par tout vendeur ou intermédiaire.”
L’arrêté-loi a été modifié depuis, mais, selon le PTB, il est possible de redonner au ministre en charge des Affaires économiques, actuellement Pierre-Yves Dermagne (PS), la possibilité d’user de cet outil. En collaboration avec l’Observatoire des prix, le ministre fédéral déterminerait les prix maximums pour des biens de première nécessité, tels que la farine, les pâtes, le riz, la semoule et les pommes de terre) soient
Reste qu’une telle mesure pourrait avoir un impact négatif sur la comptabilité des petites entreprises. Un boulanger ou un boucher, qui bataillent déjà au quotidien avec des factures d’énergie qui augmentent de façon, verraient tous deux d’un mauvais œil de ne pas pouvoir tirer de profits importants de la vente de leurs produits.
La solution du PTB consiste à aller chercher une contribution de crise chez les multinationales, les grands groupes de distributions et les grosses entreprises.
”Si les prix ont tant augmenté, c’est le résultat de l’absence de blocage des prix de l’énergie… mais aussi parce que l’industrie alimentaire a doublé ses bénéfices !”, insiste le député PTB. “Les petits indépendants ont également souffert de la crise énergétique et de l’envolée des prix qui n’a pas été stoppée par le gouvernement. Cette mesure sera financée par une contribution prélevée sur les surprofits des géants de l’agroalimentaire, qu’il s’agisse des acteurs de la production ou de la distribution.”
La proposition des marxistes passe au parlement le 15 février. Elle n’est pas sans rappeler une autre, formulée à plusieurs reprises par le PS. Les socialistes ont, plusieurs reprises, demandé un mécanisme de blocage des prix. La proposition de loi la plus récente a été déposée en mars 2022 par Christophe Lacroix. Le député fédéral expliquait vouloir rétablir dans l’arsenal juridique un dispositif “qui assure réellement une articulation entre, d’une part, la surveillance des prix par l’Observatoire des prix et, d’autre part, le contrôle des prix par l’exécutif”. Le ministre de l’économie Pierre-Yves Dermagne a annoncé en septembre qu’il travaillerait avec l’Observatoire des prix pour faire la clarté sur “cette évolution qui menace le pouvoir d’achat”.