Peu d’économies d’énergie au fédéral : le gouvernement n’a installé aucun panneau photovoltaïque sur ses bâtiments
300 millions d’euros sont prévus pour des installations photovoltaïques sur les bâtiments fédéraux.
Publié le 15-03-2023 à 15h47
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Alors que la police va s’imposer une série de restrictions pour économiser de l’énergie, la question se pose de savoir ce qui se fait dans la fonction publique. En septembre 2022, le gouvernement fédéral avait décidé de diminuer la température à 19 degrés dans l’ensemble de ses bâtiments, de réguler l’utilisation de la climatisation et d’éteindre l’éclairage des bâtiments fédéraux et des monuments entre 19h00 et 6h00.
En septembre, la ministre de la Fonction publique Petra De Sutter (Groen) visait une réduction de 15 % de la consommation de gaz et d’électricité. Un monitoring a été fait pour évaluer l’impact des mesures adoptées en matière de sobriété énergétique depuis le 26 septembre, mais le rapport n’est pas encore consultable car il doit encore être validé par les cabinets De Sutter et Michel ainsi que par la Régie des Bâtiments. "Mais on n'est pas loin des 15%", nous assure-t-on.
Poudre aux yeux
”Dans de nombreux services, c’est essentiellement le télétravail qui a permis de réaliser des économies d’énergie”, nuance Gregory Wallez, secrétaire fédéral à la CGSP-AMiO. “Avec le télétravail, on peut concentrer les travailleurs dans un bâtiment au lieu de deux”. Le syndicaliste estime toutefois que cette solution est “de la poudre aux yeux” car, in fine, ce sont les travailleurs qui paient l’énergie consommée chez eux. “La prime pour le télétravail ne couvre pas tous les frais même s’il est vrai que réduire le nombre de trajets domicile-bureau permet de réaliser des économies. Surtout quand le travailleur vient du sud de la Wallonie et que son lieu de travail est à Bruxelles, comme c’est le cas pour de nombreuses institutions publiques.”
Il apparaît aussi que peu d’efforts ont été réalisés en matière de renouvelable. Or, en tant que gestionnaire immobilier fédéral, la Régie des bâtiments a la main sur plusieurs centaines de complexes, ce qui représente plus de 6,7 millions de mètres carrés. Une part non négligeable de cette surface comporte des toits qui pourraient accueillir des panneaux photovoltaïques. Ces panneaux seraient fort utiles en cette période où la production d’électricité est devenue centrale dans les questions d’économie.
Un “vaste plan durable de 300 millions d’euros d’investissement” serait même sur la table pour doter les infrastructures fédérales de photovoltaïques. Mais à ce stade, la pose des panneaux se fait attendre. “Actuellement, la Régie des Bâtiments m’informe qu’elle ne dispose pas encore d’une vue suffisamment claire et actualisée de l’état des toits et corniches, de leur orientation ainsi que de l’état des installations électriques des bâtiments dont elle a la gestion”, a répondu Mathieu Michel à une question posée par le député fédéral Bert Wollants (N-VA).
En 2023, la Régie lancera seulement “la réalisation d’un cadastre indicatif” qui, “basé sur une analyse de vues aériennes des bâtiments”, permettra de sélectionner quelques complexes prioritaires pour l’installation des panneaux photovoltaïques. Une réponse que le député a jugée affligeante puisqu’il dit avoir reçu “exactement la même réponse du même secrétaire d’État au début de l’année 2021”.
Par ailleurs, la Régie des bâtiments ne dispose toujours pas d’un aperçu complet de la performance énergétique de son patrimoine, a appris le député Tomas Roggeman (N-VA) au détour d’une question parlementaire. On ne sait toujours pas précisément quels bâtiments sont équipés de simple ou de double vitrage, quelles sont les sources de chaleur utilisées pour le chauffage ou quel est leur niveau de PEB. À l’heure où les régions exigent des propriétaires de faire des efforts pour améliorer le PEB de leurs biens, cette méconnaissance du fédéral de son propre parc immobilier donne un mauvais exemple.