Les chiffres inquiétants dans nos prisons: 16 détenus se sont suicidés l'an dernier, "seulement 57 psychiatres pour plus de 11.000 prisonniers"
Le manque de disponibilité de personnel médical spécialisé dans le suivi psychiatrique des détenus est pointé du doigt.
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Publié le 17-03-2023 à 10h23
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L’année passée, 16 détenus ont mis fin à leurs jours dans les prisons du pays. "La population carcérale présente un risque de suicide dix fois plus élevé que la moyenne. Le choc carcéral comprend un risque psychologique particulier : un suicide sur cinq intervient dans le premier mois de l’incarcération. L’Observatoire international des prisons déplore le manque de disponibilité de personnel médical spécialisé dans le suivi psychiatrique des détenus", selon la députée PS Laurence Zanchetta.
"Mon administration recherche constamment des psychiatres supplémentaires, mais les candidatures sont rares"
Il ressort qu’une association n’a pu mener à bien un projet pilote de prévention en prison, faute de financement. La situation est préoccupante et le manque de suivi médical est pointé du doigt. "Les prisons belges comptent 57 psychiatres indépendants pour 11402 détenus. C’est insuffisant et mon administration recherche constamment des psychiatres supplémentaires, mais les candidatures sont rares", selon le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne, interrogé à ce sujet en commission Justice de la Chambre.
"Depuis des années, nos prisons prennent des initiatives pour prévenir le suicide, renforcées encore depuis l’an dernier. Lors de l’évaluation des directeurs, on leur demande de développer des processus internes détectant les risques de suicide rencontrés par les détenus. Les établissements pénitentiaires recevront des instructions actualisées. Les résultats du travail pluridisciplinaire permettront d’améliorer les politiques locales", précise-t-il.
Il ressort que les premiers jours de détention sont particulièrement à risque et nécessitent une détection de pensées suicidaires. "Un entretien d’accueil bienveillant est le premier facteur de protection. Un médecin reçoit les détenus dans les 24 heures après leur arrivée. Différents acteurs leur donnent des informations précises sur la vie carcérale, ses règles, les services, les problèmes éventuels et les moyens d’y remédier. Un premier dépistage d’une tendance suicidaire est effectué. Si c’est le cas, des mesures préventives sont prises, notamment une visite médicale hebdomadaire où le médecin consigne ses observations et recommandations de prise en charge, et les commentaires du détenu. Le nombre de consultations peut-être plus élevé selon les besoins", précise-t-il.
En termes de prévention, chaque membre du personnel a un rôle actif à jouer dans l’identification et le suivi. "Des réunions constructives ont eu lieu en 2022 avec l’association Un pass dans l’impasse, qui a proposé plusieurs actions. En raison de problèmes de subsides dépendant des entités fédérées, elles n’ont hélas pas encore pu être finalisées", conclut Vincent Van Quickenborne.
Un protocole de coopération signé en janvier dernier entre l'INAMI et la Justice
Concrètement, tous les soins médicaux couverts par la nomenclature de l’INAMI dispensés dans une maison de détention sont pris en charge. Le protocole de coopération entre l’INAMI et la Justice a été signé en janvier dernier. La deuxième phase de la réforme des soins de santé prend forme. Dans le courant de l’année, la Santé publique prévoira une extension des projets pilotes en matière de drogue. Au cours du deuxième semestre, des projets pilotes appliquant les nouveaux modèles de soins devraient être lancés dans trois prisons.