Le grand entretien diabolique d’Obelgix, plus célèbre supporter des Diables Rouges: "Moi, je ne prends pas ma retraite!"
Le supporter emblématique des Diables se confie sur la nouvelle génération et ses souvenirs dans les tribunes.
Publié le 18-03-2023 à 11h37 - Mis à jour le 18-03-2023 à 12h12
Ceux qui suivent les Diables Rouges ont tous déjà vu ou entendu parler d’Obelgix, ce supporter déguisé en Obélix noir-jaune-rouge et qui suit les Diables partout dans le monde. S’il fait le buzz depuis des années, on a voulu en savoir plus sur lui, mais aussi avoir son avis sur les prochaines échéances des Diables Rouges. Rencontre avec un personnage sympathique et disponible.
Vous êtes venu incognito, sans déguisement aujourd’hui. Dans la vraie vie, qui est donc Obelgix ?
Je m’appelle Nicolas Dardenne. Je suis entrepreneur et je possède plusieurs sociétés. Je suis à la tête d’une société de recrutement, j’ai aussi créé il y a six ans une plateforme digitale spécialisée dans le domaine RH que j’ai revendu l’année dernière, et j’ai d’autres activités qui se développent en parallèle. Bref, j’ai vraiment la fibre entrepreneuriale. Je suis un fils d’agriculteur originaire de la commune d’Incourt, en Brabant wallon, mais j’habite aujourd’hui à Overijse. J’ai deux enfants, une fille de 4 ans et demi et un fils de 6 ans.
Le football, c’est une passion depuis toujours ?
Je joue au foot depuis que j’ai 4 ans, et j’ai toujours été passionné. J’ai joué jusqu’en P1 à l’époque et je joue encore en Abssa aujourd’hui à 40 ans. Je suis un défenseur central plutôt rugueux, bon de la tête et leader sur le terrain.

Un mélange entre Daniel Van Buyten et Vincent Kompany, du coup ?
On peut dire cela, oui (rires). Je n’ai pas la technique de Vincent Kompany, mais le côté leader.
Et dans la vie, quel caractère avez-vous ?
Je suis quelqu’un d’assez ambitieux et avec un caractère un peu à la flamande. J’aime bien que les choses soient bien faites, au bon moment, et aboutissent. Et surtout, je ne veux jamais remettre au lendemain ce qu’on peut faire directement. Je suis aussi un leader dans le monde du travail. Dans la vie de tous les jours, on retrouve plutôt le côté Obelgix. J’adore mettre l’ambiance, faire la fête, voir mes amis, boire un verre, etc.
Finalement, Obelgix c’est aussi un projet que vous avez mené à fond ces dernières années ?
Je ne m’attendais pas à ce qu’Obelgix ait autant de succès. Après, c’est vrai qu’en créant le personnage je m’attendais un peu à créer le buzz. Mais pas à ce point-là. C’était plutôt un délire au départ, et je le fais aujourd’hui sans me prendre la tête pour passer du bon temps avec les supporters des Diables. J’essaye d’être super accessible pour ceux qui veulent faire une photo et boire un verre, c’est vraiment un plaisir.

Quel est l’historique de ce personnage, en fait ?
Tout est parti de la Coupe du Monde 2014 au Brésil. J’étais sur place, et il y avait toute cette hype autour d’Axelle Despiegelaere. Je n’étais pas encore habillé en Obelgix, l’idée était plutôt de changer de costume à chaque rencontre. Le premier match contre l’Algérie, j’avais un casque relié à des canettes de bière, et la FIFA avait republié la photo sur ses réseaux en indiquant être inquiète du taux d’ébriété de tous les supporters à la Coupe du Monde. Ma tête est passée dans tous les médias du monde. Pour le second match, j’ai acheté un déguisement du carnaval de Rio avec de grandes plumes. Un an plus tard, un match amical contre la France (victoire 3-4, NdlR) arrivait et je voulais trouver un déguisement qui aurait un lien avec ce match. Astérix et Obélix se sont vite imposés. Astérix ne me ressemble pas, au contraire d’Obélix, donc j’ai commandé un déguisement sur internet et je l’ai peint avec des bombes de couleur en noir, jaune et rouge. Le match avait lieu à Paris, et en me baladant sur les Champs Elysées, je cherchais une dernière touche à mon costume. Je voulais trouver un coq, mais je me suis rabattu sur un poulet rôti acheté dans une épicerie. Je me suis donc baladé à Paris avec mon poulet cuit dans les mains, et j’ai même réussi à rentrer dans le Stade de France avec. Quelques minutes plus tard, un agent de sécurité est venu me confisquer le poulet car il était considéré comme un projectile ! J’ai refusé et j’ai fini par manger le poulet devant lui (rires). Tout a été filmé et cela a fait le buzz. Obelgix était né et je n’ai plus quitté mon déguisement qui s’est “professionnalisé” car ma belle-mère m’a confectionné un costume sur mesure.

Cela a fini par prendre une grande place dans votre vie ?
Oui, surtout pour les grands tournois qui demandent une grosse organisation. Après, ce n’est pas comme une équipe de club qu’on devrait suivre toutes les semaines. Le club que je supporte ? Je ne le dis à personne car Obelgix doit rester neutre et être l’ami de tout le monde ! Ce qui prend le plus de temps, ce sont finalement toutes les sollicitations entre les matches. J’essaye de rester disponible pour tout le monde. Ce qui est impressionnant, c’est de voir les attentes que je suscite. Dès que je loupe un match, je reçois des messages pour savoir si tout va bien.
Depuis quand suivez-vous les Diables ?
Je n’ai pas attendu la génération dorée. Je suis les Diables depuis toujours et mes premiers vrais souvenirs remontent à la Coupe du Monde 1994 aux États-Unis. J’avais des posters de Wilmots, Scifo et même de Josip Weber dans ma chambre ! J’étais même souvent au stade entre 2002 et 2014 durant cette période de vaches maigres.

Vous vous rendez compte que vous êtes le supporter emblématique de cette génération dorée et que votre visage apparaît sur chaque vidéo des buts marqués contre le Japon ou le Brésil, en 2018 ? Cela vous fait quoi ?
Quelque chose que je ne veux pas entendre, c’est que je suis le meilleur supporter des Diables ! Je n’ai pas du tout cette prétention. Je connais plein de supporters qui ne loupent aucun match des jeunes, aucun match des Flames et aucun match des espoirs, même en déplacement. Ce sont eux les meilleurs supporters de la Belgique. Je suis peut-être le plus emblématique, mais je ne veux pas qu’on dise que je suis le meilleur. En ce qui concerne la Coupe du Monde 2018, c’était incroyable et à jamais dans l’histoire du football belge. C’est génial de revoir ces vidéos où je me vois dans une euphorie de dingue.
La fête a dû être belle après ces matches…
J’ai une anecdote incroyable après le match contre le Brésil. On faisait la fête à la sortie du stade pour retourner vers les bus qui devaient nous ramener à l’aéroport, et dans ces bus il y avait celui des parents des joueurs. Le bus devait partir avant nous, mais je suis monté dedans pour mettre l’ambiance. Il y avait le papa d’Axel Witsel, celui de Thibaut Courtois, Mehdi et Mogi Bayat, les parents des frères Hazard, la famille Kompany, enfin tout le monde. J’ai mis une ambiance de dingue dans ce bus. J’ai pris le micro, j’ai fait chanter tout le monde et le chauffeur du bus s’est vite rendu compte que j’étais occupé à mettre le souk (sic) et il m’a mis dehors. Il râlait tellement fort qu’il a décidé de ne plus conduire les passagers à l’aéroport. Il y a eu toute une discussion et tous les bus sont partis vers l’aéroport, sauf celui-là. Ils sont arrivés beaucoup plus tard que nous à l’aéroport et Mogi Bayat est venu me trouver pour “m’engueuler” et me dire qu’ils avaient failli rater l’avion à cause de moi.
Plusieurs Diables ont pris leur retraite. Et Obelgix, il continue ?
Évidemment ! il n’y a aucune raison que j’arrête. Je ne suis pas un supporter de la victoire et je supporterai toujours les Diables autant que ma santé le permet. Peu importent les résultats je serai là et c’est important de soutenir cette nouvelle génération. Elle a autant besoin de nous que la génération dorée.

”Roberto Martinez m’a envoyé un superbe mail à son départ”
Obelgix est connu de tous les supporters des Diables, et même des Diables eux-mêmes. “Je ne peux pas dire que je les connais et que je vais au restaurant avec eux, mais ils voient bien qui je suis et on se salue quand je viens voir un entraînement. Ce qui est fun, c’est que j’ai reçu une vidéo de Youri Tielemans et Roberto Martinez pour mon anniversaire, il y a deux ans.”
Il a aussi eu un échange de mail avec l’Espagnol à la fin de son mandat. “Je lui ai envoyé un mail pour le remercier du travail accompli, et il m’a répondu avec un superbe texte. Une belle tartine où il m’a remercié pour le soutien durant six ans et pour me dire que je devais continuer. Je ne m’attendais pas à une telle réponse et cela m’a fait chaud au cœur.”