Le lait de vache, nouvel épouvantail des familles: l’intolérance au lactose touche de plus en plus de Belges
L’intolérance au lactose touche de plus en plus de Belges, tout comme les allergies à la protéine de lait. En Belgique, entre 10 et 20 % de la population est concernée.
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Publié le 18-03-2023 à 07h24 - Mis à jour le 18-03-2023 à 08h37
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L’intolérance au lactose et à la protéine de lait sont des pathologies qui compliquent le quotidien de nombreuses familles. Ce trouble digestif courant affecte des millions de personnes dans le monde entier et peut provoquer une multitude de symptômes, comme des ballonnements, des crampes abdominales, de la diarrhée et des nausées qui peuvent être accompagnées de vomissements.
Sa prévalence semble d’ailleurs augmenter avec le temps, notamment parce que son diagnostic s’est largement amélioré aujourd’hui. Si elle est rare et passagère chez le nourrisson, le bébé et l’enfant, elle se révèle plus fréquente chez l’adulte. En Belgique, on estime qu’elle atteint près de 20 %. Pour rappel, l’intolérance au lactose est un problème de digestion du sucre contenu dans le lait et ses produits dérivés.
"Les gens confondent trop souvent intolérence et allergie"
“Sur le terrain, il semble qu’il y ait une réelle hausse des intolérances à la protéine de lait et au lactose, aussi bien chez les parents que les médecins, constate Yvan Vandenplas, président de l’Académie belge de pédiatrie. Les spécialistes sont plus sensibles à ce sujet, ce qui peut expliquer qu’on détecte davantage de cas. On remarque l’intolérance au lactose à partir de 4 ans, elle est d’ailleurs génétiquement déterminée, et dans notre population, la proportion est d’un peu plus de 10 %, avec 70 % dans la communauté maghrébine. Le fait qu’il y ait des mariages mixtes tend à augmenter cette proportion, ça a toujours été comme ça. En Asie, on est à plus de 90 %, cela dépend du background génétique des populations. Par contre, au niveau des allergies au lait de vache confirmées chez le nourrisson, on est à un peu moins de 1 % de la population”.
“Un risque de dérèglement immunitaire”
Ces intolérances sont très différentes de l’allergie au lait de vache, ce qui provoque de nombreuses confusions dans la population.
“Les gens doivent vraiment faire la distinction entre l’intolérance et l’allergie à la protéine de lait, souligne Étienne Sokal, hépatologue pédiatre aux Cliniques universitaires Saint-Luc. De nombreuses personnes se disent allergiques au lactose alors qu’elles sont en réalité intolérantes. Les allergies au lait sont causées par une réaction immunitaire aux protéines présentes dans le lait alors que l’intolérance au lactose, qui est un sucre composé de deux parties (le glucose et le galactose) est causée par une incapacité à digérer le lactose, la première étape de la digestion étant de couper ces molécules en deux. L’organisme n’est en alors pas en mesure de produire suffisamment d’enzymes pour décomposer le lactose”.
En dépit de ses qualités nutritionnelles, notamment pour son apport en calcium, le lait de vache n’est pas recommandé dans tous les cas. Selon des chercheurs américains, environ 75 % de la population mondiale serait intolérante au lactose.
Si les symptômes peuvent être inconfortables, il est toutefois possible de vivre avec ces différentes intolérances en apportant des changements simples à son alimentation et à son mode de vie. “Concernant la hausse des allergies à la protéine de lait, il y a souvent une erreur commise par les parents à l’origine de ce phénomène, précise Étienne Sokal. Si vous avez un enfant nourri au lait maternel et qu’une fois, vous décidez de lui donner du lait à base de protéine de lait et que vous n’en donnez plus ensuite, cela peut provoquer une sensibilisation du système immunitaire qui peut développer une réaction allergique (ce qui touche 10 % des enfants dans la société). Quand on commence à diversifier le lait, il faut continuer et ne pas faire de one shot en donnant du lait de vache quand la maman s’absente un soir par exemple, il y a un risque de dérèglement immunitaire”.