Conclave budgétaire : PS et Ecolo refusent de faire 830 millions d’euros d’économie sur le dos des pensions
Le kern devra encore se réunir plusieurs fois pour déterminer comment ajuster le budget de l’État afin qu’il soit présentable aux yeux de l’Union européenne.
Publié le 27-03-2023 à 20h23
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Le gouvernement fédéral poursuit son marathon d’ajustement budgétaire. Le Premier ministre Alexander De Croo a ressorti son énorme tableau Excel avec toutes les décisions budgétaires prises en octobre. Avec ses différents ministres, il vérifie maintenant que tout correspond au niveau des dépenses et des recettes.
Au niveau des dépenses imprévues, on observe que la crise de l’asile, la guerre en Ukraine et la lutte contre la drogue ont eu un poids budgétaire plus important qu’attendu. Au niveau des “recettes”, on souligne que le déficit budgétaire augmente moins fortement qu’annoncé par le Comité de monitoring. Les experts estiment ce déficit à 3,2 milliards d’euros de moins que lors de l’élaboration du budget en octobre 2022. Néanmoins, le déficit reste très important.
On parle maintenant d’un déficit qui monte à 4,8 % du PIB et d’une dette à 106,4 %. Celle-ci devrait continuer d’augmenter pour atteindre des pics inquiétants si rien n’est fait pour la limiter, alertent de nombreux économistes. Pour contrer cette tendance, le Premier ministre souhaite appliquer un programme de stabilité qui permettrait à la Belgique de revenir dans les clous du Traité de Maastricht.
Le pacte de stabilité de l’Union européenne impose que le déficit public annuel ne puisse pas excéder 3 % du produit intérieur brut (PIB). Avec la crise du Covid, l’UE a autorisé ses États membres à ne pas respecter cette règle budgétaire. Mais cette clause de dérogation générale prend fin en 2024 et le chef de la Vivaldi compte bien ramener les finances publiques proches de cette obligation.
Pour atteindre cet objectif, il faudra réaliser un effort supplémentaire de 0,3 % du produit intérieur brut, ce qui implique de trouver 1,8 milliard d’euros sur les deux prochaines années, soit 300 millions en 2023 et 1,5 milliard en 2024.
Or, ces efforts, tous les partis autour de la table ne semblent pas déterminés à les faire. Pour 2023, les quelque 300 millions sont en principe trouvés, avec entre autres une hausse des accises sur le tabac et quelques corrections techniques. C’est pour 2024 que ça coince. Et ici, on voit s’affronter deux camps : la droite qui prône de supprimer certaines dépenses “sans quoi on va droit dans le mur” et la gauche qui refuse que l’on touche aux droits sociaux.
Il est question de chercher 830 millions d’euros en n’appliquant pas la 4e tranche sur la pension minimale. “Alexander De Croo est venu avec trois épures budgétaires qui veulent faire mal aux plus fragiles. Les socialistes ne sont pas au gouvernement pour rendre cela acceptable, c’est de la provocation”, entend-on au PS. Les socialistes rejettent ce qui est perçu comme “une économie sur le dos des 10-15 % de la population les moins favorisés et sur les personnes handicapés”.
Du côté des libéraux, on rappelle que la pension minimum a déjà fortement augmenté sous cette législature. Elle était de 1292 euros nets en 2020 et elle atteindra les 1 606 euros nets, sans même appliquer la quatrième tranche. Soit une augmentation de 314 euros. “L’aile gauche bloque sur le fait de réduire certaines dépenses. On veut bien faire des efforts en recettes, mais il faut que l’on se rencontre quelque part. On ne peut pas aller que dans un sens. Si on applique la 4e tranche, cela fera 27 euros en plus par personne. Ne pas le faire, cela rapportera plus de 800 millions d’euros. Si on ne peut pas faire ça, on devra tailler dans les soins de santé et le chômage.”
Le PS semble toutefois plus ouvert à consentir des réductions de dépense que les écologistes, rapportent plusieurs participants. “Ecolo veut juste dépenser, mener de nouvelles politiques et avoir des messages positifs”, soupire un membre du comité ministériel. “Ils ne semblent pas connaître les règles de l’Union européenne. Ce qui est un vrai problème.”
Plusieurs kerns sont prévu dans les prochains soirs pour trouver un terrain d’entente. L’objectif est d’atterrir le 31 mars.