Accord budgétaire : coup de sang de Vandenbroucke, blocage de Lalieux, Ecolo qui défend le vélo… retour sur une nuit blanche agitée
Une partie du gouvernement a veillé toute la nuit pour finalement trouver un accord sur le contrôle budgétaire.
Publié le 30-03-2023 à 16h53 - Mis à jour le 30-03-2023 à 16h54
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Ce jeudi midi, tous les partis de la Vivaldi sortaient gagnants du conclave budgétaire. C’est du moins ce que claironnaient leurs organes de communication. Après une longue nuit blanche, le Premier ministre Alexander De Croo a expliqué à la Chambre, avec les petits yeux de celui qui n’a pas dormi, qu’un effort de 1,75 milliard d’euros serait obtenu.
Cette demande portant sur 0,3 % du PIB était défendue par les libéraux dès l’amorce du contrôle du budget et les chiffres ne semblent pas avoir bougé, grâce à quelques ajustements obtenus au terme de longues négociations. Les libéraux ont ainsi pu se flatter d’avoir maîtrisé certaines allocations sans augmenter la fiscalité.
Du côté des socialistes, on s’est félicité d’avoir pu protéger la pension minimale, même si la quatrième tranche de l’augmentation sera rabotée et qu’elle arrivera plus tardivement. En matière de trophée, le ministre de l’Économie Pierre-Yves Dermagne (PS) a pu se réjouir d’avoir obtenu un impôt minimum de 15 % sur les grandes multinationales, ce qui pourra rapporter 634 millions d’euros sur les deux prochaines années.
Le CD&V a salué une contribution équitable des épaules les plus solides qui ouvrira enfin la voie à la très attendue réforme fiscale. Objectif : “réduire les impôts sur le travail et augmenter le net de ceux qui travaillent”, a déclaré le ministre des Finances Vincent Van Peteghem.
Ecolo-Groen s’est targué d’avoir rendu les fonds de pension plus viables. “Ce qui signifie moins d’argent pour les grands pollueurs et plus pour le secteur vert”, a précisé la vice-Première Petra De Sutter.
Vandenbroucke déchire ses feuilles
Mais avant d’arriver à ce résultat, la salle Marie Popelin où étaient réunis Alexander De Croo, six vice-Premiers et quelques ministres a connu de nombreux coups de sang. À commencer par celui de Frank Vandenbroucke (Vooruit), ministre de la Santé, qui, ne supportant plus l’offensive libérale contre les pensions, a fini par déchirer ses feuilles. “Ce n’est pas la première fois que ça lui arrive”, temporise une source gouvernementale.
L’axe gauche-droite était à nouveau fort tendu durant cette longue nuit. Alexander De Croo, poussé par les présidents libéraux Georges-Louis Bouchez et Egbert Lachaert, est revenu avec cette proposition de supprimer les allocations de chômeurs qui, après deux ans, refusent de prendre un emploi en pénurie. Pour la ministre de l’Intégration Karine Lalieux, il était hors de question d’accepter cette demande. “La marque Lalieux a été imprimée”, déclare-t-on à gauche.
Soupe et couques
Ce refus de lâcher du lest sur le social est l’une des raisons pour laquelle le kern s’est autant éternisé. Au milieu de la nuit, de la soupe a d’ailleurs été servie aux ministres pour qu’ils puissent reprendre les hostilités. La socialiste a pu compter sur le renfort épisodique de Pierre-Yves Dermagne qui, malgré son confinement pour Covid, est intervenu via Teams vers 4h du matin et à l’aube. À 5h30, des couques ont été servies aux membres du kern.
Plusieurs participants évoquaient jeudi la fameuse “méthode De Croo”, une approche jusqu’au-boutiste qui fait s’entrechoquer chaque partie jusqu’à l’obtention des compromis, mais qui, in fine, laisse chacun repartir avec son trophée.
Côté libéral, on flingue encore les socialistes. “Le PS se fait complètement avoir sur ce conclave : on touche aux pensions, allocations, chômage, etc. tous leurs fétiches”. Du côté des rouges, on tape sur les bleus… mais aussi sur les verts. “Quand il a fallu défendre les pensions, Ecolo, comme d’habitude, s’est désolidarisé dès qu’il a eu son plan vélo.”