Les 5 travaux que la Vivaldi doit impérativement boucler… mais qu’elle ne bouclera (probablement) pas
Nucléaire, pensions, plan de relance, réforme fiscale et crise de l’accueil. Le gouvernement fédéral pourra-t-il régler ces dossiers ? Cela semble très mal parti.
Publié le 26-05-2023 à 06h53
:focal(2587x1733:2597x1723)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/MDPINIOEHJCO5GXU4352OIZWFU.jpg)
En 36 mois, la coalition De Croo 1er nous a offert bien des frayeurs. Depuis la prestation de serment du 1er octobre 2020, le gouvernement a moult fois donné l’impression qu’il allait vaciller. Que de fois les médias n’ont-ils pas écrit que le septet fédéral était au bord de la rupture ?
Alors, certes, la Vivaldi a traversé d’intenses crises. À la sortie du Covid se sont ajoutées la guerre en Europe et l’inflation. Il n’en reste pas moins que les grands dossiers n’ont, à ce jour, jamais véritablement été concrétisés. Si des préaccords ont été obtenus, les désaccords entre les 20 ministres et secrétaires d’État ont fait que peu de grands chantiers ont abouti. Et il semble de plus en plus difficile de croire qu’ils pourront aboutir avant la fin de la législature.
Nous sommes à moins de deux mois des vacances d’été. Il reste à peine plus d’un an avant les élections. Aujourd’hui, l’ambiance politique semble davantage portée sur la campagne électorale que sur le bouclage. Voici donc les dossiers qui resteront très certainement en suspens… à moins d’un dernier sursaut.
Nucléaire : 50 % de chances de réussite
La Vivaldi devait trouver un accord avec Engie le 15 mars. Un désaccord avec l’opérateur nucléaire sur le coût du traitement des déchets et sur le démantèlement des centrales nucléaires fait toutefois tarder les négociations. On parle aujourd’hui d’aboutir en juillet.
Or, il s’agit d’un dossier capital pour l’avenir du pays puisqu’il conditionne la relance de la production nucléaire après 2025 et que le nucléaire représente actuellement 50 % de la production d’électricité en Belgique. Tant que cet accord n’est pas obtenu, on ne saura pas si, comment et quand les réacteurs Doel 4 et Tihange 3 seront prolongés.
Le Premier ministre Alexander De Croo et la ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten (Groen) tentent de rassurer l’opinion publique en répétant que tout est sous contrôle. Mais le doute grandit chaque jour. À ce stade, on leur donne 50 % de chances d’aboutir durant cette législature.
Pensions : 30 % de chances de réussite
À trois reprises, la ministre Karine Lalieux (PS) a tenté de faire approuver sa réforme des pensions par le gouvernement et à trois reprises, cette réforme a été rejetée. En septembre 2021, sa proposition est restée sans réponse. Juillet 2022, la Vivaldi s’est entendue sur le dossier avant de faire marche arrière. Suite à une remarque du Bureau du Plan, les partenaires de coalition ont rejeté la proposition du PS.
Alexander De Croo a fini par y mettre son grain de sel, liant ce dossier à celui de l’accueil et rappelant que la Commission européenne conditionne l’octroi du financement du plan de relance à la soutenabilité de la réforme. Paul Magnette, président du PS, est entré en colère contre ce qu’il considère comme un chantage de la Commission.
Le coût du vieillissement de la population est revenu une troisième fois sur la table du gouvernement au mois de février, occasionnant une guerre jouée à coups de pétitions. Possibilité d’aboutir ? 30 %.

Plan de relance : 30 % de chances
Le dossier pension conditionne la bonne marche d’un autre dossier, le plan de relance, également dans les mains d’un socialiste, Thomas Dermine. Ce plan soutenu à hauteur de 5,9 milliards d’euros par l’Union européenne vise à reconstruire la Belgique après le passage du Covid. La première tranche de ce paiement, qui monte à 847 millions d’euros, ne sera versée que lorsque la Belgique aura atteint les jalons et cibles décrites dans son plan.
Ces 20 jalons devaient être atteints le 13 janvier 2023. Le rendez-vous a été manqué car le volet pensions n’a toujours pas fait l’objet d’un consensus au sein de la Vivaldi et parce que la Commission européenne juge que la réforme n’est pas “soutenable”. En d’autres termes, qu’elle serait trop coûteuse pour la Belgique.
”Ce plan de relance va modifier le visage de la Belgique. On a pour le moment plus de 1000 chantiers qui sont ouverts aux quatre coins de la Belgique, sur des écoles ou sur des infrastructures de transport”, nous expliquait Thomas Dermine au mois de février. Depuis, même si le secrétaire d’État assure que cette aide n’est pas à risque, le blocage sur le dossier pension semble nous dire le contraire. Taux de réussite ? 30 %.
Réforme fiscale : 20 % de chances
Une grande et complète réforme fiscale n’aura que peu de chances d’aboutir. En mars 2023, le ministre des Finances a dévoilé son projet relatif à la première phase de la grande réforme fiscale et a provoqué un tollé général. Quelles que soient les propositions formulées, il semblerait qu’elles défavorisent à chaque fois une tranche de la population.
Les partis, qui représentent ces tranches de population selon les matières visées, ne lâchent rien. Les libéraux veulent une réduction des charges sur le travail, les socialistes demandent de taxer les hauts patrimoines, les écologistes sont pour une réduction de la TVA sur les fruits et les légumes…
Comme on doute que l’équipe fédérale parvienne à trouver une formule équilibrée qui plaira à tous, on donne 20 % de chances à cette réforme.
Crise de l’accueil : 10 % de chances
Le 9 mars, le kern a approuvé un ensemble de mesures visant à mettre un terme à la crise de l’accueil. Le gouvernement s’est félicité de renforcer la politique de retour, de combattre les abus, de trouver des solutions pour les apatrides et de produire un nouveau code migratoire.
Le lendemain, des demandeurs d’asile étaient évacués manu militari d’un squat bruxellois sans que ne leur soit proposé de solution de relogement. On a ensuite vu des enfants sans papier dormir en rue. Fin avril, 3 171 demandeurs d’asile étaient toujours en attente d’une prise en charge par Fedasil, “contraints de survivre dans des conditions précaires ou à la rue”, alerte jeudi Médecins sans frontière dans un nouveau rapport accablant sur la situation critique de l’accueil des demandeurs de protection internationale en Belgique.
Cette crise de l’accueil est utilisée comme monnaie d’échange dans la grande bourse aux concessions. Mais elle ne pèse pas lourd contre les questions de pouvoir d’achat, d’emploi ou de pensions. 10 % de chances.
Les hors-concours
N’oublions pas ces matières qui n’aboutiront pas car il n’y a aucun consensus : la réforme institutionnelle, le respect des objectifs climatiques, la mise à l’emploi, les malades longue durée…