Le MR persiste et signe : “Le wokisme mène à une dictature de la pensée”
Lors de leur conférence-débat intitulée “De quoi le wokisme est-il le nom ?”, les libéraux francophones sont revenus sur ces “obsessions des inégalités” et ces “mécanismes victimaires” qui infuseraient dans la sphère politique.
- Publié le 08-06-2023 à 14h37
- Mis à jour le 08-06-2023 à 19h24
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La publication du Centre Jean Gol, intitulée “Le wokisme, ce totalitarisme dont on ne peut pas dire le nom”, avait suscité une belle polémique à sa sortie. Au mois de mars, plusieurs universitaires avaient qualifié cette étude de peu “scientifique”, voire de “naufrage intellectuel”.
Cela n’a pas suffi à décourager le MR de cogiter sur cette thématique. Mercredi, les libéraux francophones ont organisé une conférence-débat intitulée “De quoi le wokisme est-il le nom ?”, avec comme intervenants Guy Haarscher, professeur de philosophie à l’ULB, Nadia Geerts, conseillère au Centre Jean Gol et autrice de l’étude susmentionnée, Pierre-Henri Tavoillot, professeur de philosophie à la Sorbonne et auteur d’un ouvrage collectif sur la “déconstruction” ainsi que Georges-Louis Bouchez, président du MR.
Devant une salle comble, majoritairement remplie de personnes âgées de plus de 50 ans, les débatteurs ont évoqué les risques que cette idéologie ferait peser sur la société.
”Aujourd’hui, soit vous êtes wokes, soit vous êtes fascistes”, a expliqué Nadia Geerts, résumant la façon dont les adeptes de ce courant de pensée, obsédés par les inégalités, compartimenteraient le monde. “Même si vous êtes universalistes, que vous défendez l’égalité, le simple fait de ne pas vouloir tomber dans des mécanismes victimaires fait de vous quelqu’un de suspect.”
Guy Haarscher a souligné le fait que cette problématique était essentiellement brandie par des personnalités de droite dure, voire d’extrême-droite, citant Ron De Santis, Victor Orban, Vladimir Poutine ou encore Eric Zemmour.
”C’est un sujet profondément important mais qui paraît accessoire parce que les combats menés sont risibles”, a répliqué Georges-Louis Bouchez, se référant notamment aux travaux de Pierre-Henri Tavoillot. Le philosophe français relevait l’existence d’une logique à l’œuvre dans ce mouvement présentant des matières telles les mathématiques ou l’oncologie comme étant racistes. “Le problème”, a poursuivi le président du MR, “est que la classe politique est tellement peu assertive sur le sujet que l’on laisse le débat à tout une série de zozos subsidiés. On passe notre temps à nous cacher.”
L’étude de Nadia Geerts affirmait que le wokisme cachait une forme de totalitarisme de la pensée. L’autrice est revenue sur ce point, affirmant que ce courant de pensée allait mener à la “dictature”. Un mot fort, qui a fait réagir Guy Haarscher, mais qui avait été appuyé par Georges-Louis Bouchez.
”Changer de genre plusieurs fois dans sa vie, cela pose des questions de sécurité publique”, a développé le Montois, évoquant un “retournement de la situation”. “Le sexe est une réalité scientifique. […] Si on supprime le sexe sur l’état civil, la parité sur les listes électorales, c’est fini. Tout une série de combats seront éradiqués. […] Le wokisme, c’est la parfaite expression d’une société qui a basculé du libéralisme à l’individualisme.”
Pour le président, la disparition de ces valeurs et de ces notions scientifiques fait peser un lourd péril sur l’ordre démocratique. “S’il n’y a plus de cadre global, il n’y a plus de société. La différence des droits poussée à l'extrême telle qu'elle est aujourd'hui va en fait être une dictature. Cela va devenir un combat entre des groupes qui vont essayer d'imposer leur vision aux autres. Plus rien ne fera société.”
Le wokisme sera-t-il l’un des thèmes de campagne du Mouvement réformateur ? Une chose est sûre, le parti libéral ne compte pas lâcher le sujet. “Si on ne condamne pas cette idéologie, on laisse un boulevard aux populistes”, conclut Georges-Louis Bouchez, ajoutant que les “wokistes sont les idiots utiles de l’extrême-droite”.