Punir les élèves qui ne parlent pas néerlandais sera la norme dans les écoles flamandes: "Le néerlandais est la langue de l'avenir"
Le projet inquiète DéFI, le parti qui prend la défense des francophones de la périphérie bruxelloise.
- Publié le 30-08-2023 à 18h54
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Seul le néerlandais devrait être utilisé dans l’enseignement flamand, a fait savoir Ben Weyts (N-VA), à la veille de la rentrée des classes au nord du pays. Le ministre flamand de l’Enseignement dépose à cet effet un plan d’action pour que les élèves parlent exclusivement le néerlandais en classe et dans les cours de récréation. Ce plan devrait être assorti de sanctions en cas de non-respect du règlement.
"Il y aura une nouvelle circulaire, une campagne et nous voulons également une charte avec les prestataires de services éducatifs sur ce sujet", nous détaille le cabinet Weyts. "Pour nous, il ne s'agit pas de punir et nous reconnaissons qu'il n'est pas toujours facile de faire respecter ces règles, mais nous voulons proposer une norme claire. Le néerlandais est la langue de l'avenir."
Le plan d'action du ministre nationaliste sera soutenu avec une enveloppe de 20 millions d'euros. L'objectif est de toucher 80 000 enfants au total. Les règlements d'ordre intérieur des écoles flamandes devront préciser que le néerlandais est la seule langue qui puisse être parlée à la fois en classe mais aussi dans les cours de récréation.
Sanctionnés à l'école
Pour Sophie Rohonyi, vice-présidente de la section locale de DéFI de Rhode-Saint-Genèse, la proposition de Ben Weyts n'est pas surprenante , mais "elle n'en est pas moins choquante".
"Ça s'inscrit dans la philosophie de ce qui est déjà pratiqué dans des écoles flamandes à Bruxelles et en périphérie", nous explique-t-elle. "J'ai reçu des témoignages qui démontrent que l'usage du français est déjà sanctionné dans certains établissements. Si des élèves sont surpris à parler français ou une autre langue dans les couloirs ou dans la cour de récréation, ils doivent alors recopier des mots de vocabulaire, se mettre à genoux dans un coin avec les mains sur la tête ou alors ils reçoivent une note dans leur journal de classe."
Un fait que confirme Sammy Mahdi, président du CD&V. "Ce n’est pas quelque chose de nouveau. Moi-même, j’ai été à plusieurs reprises puni parce que je parlais français à la récréation lorsque j’étais dans une école flamande à Auderghem. Quand je parlais français, je devais écrire des mots de vocabulaire.”
“Je comprends la volonté du ministre à vouloir pousser le plus possible à l’apprentissage du néerlandais", ajoute le chrétien-démocrate qui a grandi dans une famille bilingue. "À mon sens, toutefois, l’importance médiatique qui est accordée à son plan reflète l’incapacité du ministre à donner une réponse aux vrais problèmes qui touchent l’enseignement. En réalité, il n’y a pas assez d’enseignants pour les classes. Pour le moment, le ministre Weyts n’a pas réussi à répondre à cette question.”
Il n'est pas encore assuré que la proposition de Ben Weyts passe. Certains députés de la majorité flamande, comme la Bruxelloise Els Ampe (Open VLD), ont déjà annoncé qu'ils ne la soutiendront pas. “Le ministre se dérobe à sa tâche qui est de garantir un enseignement de qualité pendant les cours. Cela me semble contreproductif d’empiéter sur le temps libre des enfants, qui ont le droit de s’exprimer dans la langue de leur choix. L’apprentissage du néerlandais doit rester source de plaisir et de motivation. On attrape pas les mouches avec du vinaigre.”
De son côté, DéFI a annoncé que si la circulaire flamande venait à être adoptée, le parti amarante serait prêt à saisir le Conseil d'Etat.