Historique : la Belgique connaîtra bien sa première vague de chaleur au mois de septembre
Les températures ont dépassé 30 degrés trois jours de suite.
- Publié le 07-09-2023 à 18h38
- Mis à jour le 08-09-2023 à 10h52
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La journée de jeudi a enregistré plus de 30 degrés à Uccle (30, 2 exactement), faisant de ce sept septembre le plus chaud de l’histoire du pays et succédant à un mercredi à 30,1°C et un mardi à 30,9°C. “Nous devrions atteindre les seuils d’une vague de chaleur sur la plupart des régions, soit au moins 5 jours consécutifs enregistrant au moins 25 degrés dont 3 jours avec au moins 30 degrés”, prévenait déjà l’Institut royal de météorologie jeudi matin. Une vague de chaleur en septembre dans notre pays (ce vendredi devrait être le cinquième jour de suite à dépasser 25 degrés) sera une première dans notre pays.
Mais c'est toute la séquence qui est aussi "exceptionnelle". "Avoir un coup de chaud d’un jour ou deux en septembre, cela arrive régulièrement. Mais une séquence d’une dizaine de jours, c'est du jamais-vu. La première décade de septembre sera en toute logique la plus chaude de l’histoire", annonçait mercredi le métérologue de l'IRM Pascal Mormal. Les métérologues évoquent un phénomène de blocage en Omega, du nom de la lettre grecque (Ω) en forme de fer à cheval. Il consiste en deux zones de dépression (l’une est actuellement située au large du Portugal et l’autre en Méditerranée orientale) avec, au milieu, une zone de haute pression de blocage, dans laquelle la France, le Royaume-Uni et le Benelux se situent et qui génère un air très chaud.
L’IRM prévoit ces températures élevées jusqu’à lundi inclus et a donc émis un avertissement jaune pour la chaleur sur presque tout le territoire. Seuls la province de Luxembourg et le littoral y échappent.
Gaz d’échappement, soleil et chaleur
Vu ces températures, la Cellule interrégionale de l’environnement (Celine) a de son côté déclenché mardi le plan Forte chaleur et Pics d’ozone (phase d’avertissement). La Celine s’attendait à voir les concentrations d’ozone augmenter. La situation était médiocre ce jeudi. La pollution s’accumulant, vendredi et jusqu’à dimanche, les concentrations d’ozone s’annoncent élevées, avec des risques de dépasser localement (surtout en Flandre) le seuil de concentration européen dit d’information de 180μg/m³, à partir duquel on conseille aux personnes sensibles et aux enfants de ne pas mener d’efforts physiques intenses à l’extérieur en après-midi.
Ce polluant se forme à partir des gaz d’échappement des véhicules et des composés organiques volatils et grâce au rayonnement du soleil. Les pics d’ozone se produisent lorsque l’ensoleillement est fort et la température élevée et quand les conditions météo limitent la dispersion des masses d’air. Une forte concentration d’ozone dans l’air diminue les capacités respiratoires et peut provoquer des irritations des yeux, du nez, de la gorge, des inflammations pulmonaires, des crises d’asthme… “Pour lutter contre les pics d’ozone, seules des mesures structurelles prises tout au long de l’année, telles que la réduction du trafic routier et la création d’îlots de fraîcheur, sont réellement efficaces”, précise Bruxelles-Environnement.
Les vagues de chaleur, plus intenses et plus fréquentes à cause du changement climatique, concoctent une “potion diabolique” de polluants qui menacent les humains et tous les êtres vivants, a alerté l’Onu mercredi, dans un rapport. Le changement climatique et la qualité de l’air “vont de pair et doivent être combattus ensemble pour briser ce cercle vicieux. La qualité de l’air et le climat sont interconnectés parce que les composés chimiques qui les affectent sont liés, parce que les substances responsables du changement climatique et de la dégradation de la qualité de l’air sont souvent émises par les mêmes sources et parce que les changements dans l’un entraînent inévitablement des changements dans l’autre”, a souligné l’Organisation météorologique mondiale, précisant que si le rapport porte sur les données de 2022, “ce que nous voyons en 2023 est encore plus extrême”.
Si les nappes de fumée provoquées par les feux de forêt qui ont étouffé Athènes ou New York cet été sont la partie la plus visible de la pollution atmosphérique provoquée par les vagues de chaleur, elles induisent aussi toute une série de processus chimiques plus insidieux et dangereux pour la santé. Ainsi, en 2022, la longue vague de chaleur qui a frappé l’Europe a entraîné une augmentation des concentrations de particules et d’ozone dans la troposphère. Et les concentrations ont dépassé le niveau recommandé par l’OMS sur l’essentiel de l’Europe, selon le rapport.