"Toxicomanie, problèmes psychologiques, suicides, surpopulation…": les détenus coûtent de plus en plus cher à l’État en matière de soins de santé
En 2022, chaque détenu a coûté 1 219 euros à l’État. Une hausse inquiétante...
- Publié le 18-09-2023 à 15h01
- Mis à jour le 19-09-2023 à 18h08
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Le coût des soins de santé bénéficiés par les détenus grimpe de façon substantielle. Alors qu’ils stagnaient en 2020 et 2021 (11 615 006 puis 11 820 779 euros), l’année 2022 a connu un bond à 13 478 901 euros, selon les données que nous communique l’Administration pénitentiaire. Une hausse que ne peut expliquer, à elle seule, l’augmentation du nombre de détenus puisque celui-ci était en moyenne de 10 392,2 en 2020, 10 437,9 en 2021 et 11 050,1 en 2022. Cette année-là, un détenu a coûté en moyenne 1 219 euros à charge l’État.
Il s’agit ici des dépenses lors des visites de professionnels indépendants, extérieurs aux prisons, et des traitements (médicaments) qui s’ensuivent. Médecins, dentistes, kinés, spécialistes, psychiatres, personnel soignant... On doit aussi, en termes de coûts, ajouter les fonctionnaires soignants, contractuels ou statutaires, des infirmiers essentiellement, engagés par le SPF Justice dans les prisons.
De source interne, on nous pointe notamment les besoins croissants en matière de cures pour soulager les détenus de leurs addictions aux drogues, et le développement de projets allant dans ce sens. Marc Nève, président du Conseil Central de Surveillance Pénitentiaire (CCSP) confirme : “Dans les prisons, il y a de plus de petits dealers qui vendaient pour financer leur consommation. Nous sommes d’ailleurs en tête du classement européen qui pointe la présence de ce profil dans les établissements belges.”
Mais ce n’est pas tout : “Les soins psychiatriques sont de plus en plus nécessaires. Nous voyons arriver dans les prisons de plus en plus de personnes précarisées, qui présentent une fragilité psychologique, de dépressions, des névroses, des psychoses. Un peu à l’image de la société dans sa globalité qui est plus déstabilisée qu’avant. Du reste, en prison, le nombre de suicides est en hausse. En outre, le grave problème de surpopulation n’est vraiment pas un facteur favorisant la bonne santé des détenus.”
Jusqu’à il y a peu, toutes les dépenses étaient à charge du SPF justice. Depuis le 1er janvier 2023, les interventions extérieures aux prisons (les opérations par exemple) sont à charge toujours de l’État mais de l’INAMI. Et l’idée est qu’à terme, toutes les prestations, internes ou externes, soient à charge de cet Institut national. C’est déjà le cas dans la plupart des pays européens et ce ne serait qu’en phase avec ce que demande la Cour européenne des droits de l’homme mais aussi une loi belge qui stipule que chaque citoyen à droit à équivalence de soin de santé, qu’il soit détenu ou citoyen modèle. “Les intervenants seront plus autonomes, auront les coudées plus franches que s’ils sont payés par le SPF Justice, dont ce n’est pas le rôle d’assurer les soins de santé. En outre, ils seront mieux payés avec les barèmes INAMI qu’avec les barèmes Justice. Ce qui les motivera d’autant plus à être disponibles pour les prisons et réduira les délais d’attente”, commente Marc Nève.