En immersion avec les agents de sécurité dans les stations de métro les plus dangereuses de Bruxelles: "Des consommateurs plus agressifs et parano"
La DH a suivi une équipe de sécurité dans les zones interdites du métro bruxellois, où s'abritent des individus en errance. Reportage.
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- Publié le 19-09-2023 à 06h44
- Mis à jour le 19-09-2023 à 08h56
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Munis de lampes de poche et de gilets pare-balles, les agents de sécurité de la Stib s’engouffrent dans un sombre local technique qui longe les voies ferrées. C’est là que se réfugient des personnes en errance pour dormir et consommer leurs drogues en présence de leurs animaux de compagnie. L’endroit est lugubre, les traces de vie et d’excréments bien visibles. Selon les acteurs de terrain et voyageurs rencontrés, la situation serait surtout problématique dans des stations comme Ribaucourt, Gare de l’Ouest, Delacroix, Clemenceau ou Yser.

Avec près de vingt ans de métier, Mourad Douidi, directeur opérationnel sécurité à la Stib, est bien placé pour évoquer l’évolution de l’insécurité dans les stations bruxelloises. “L’héroïne est de plus en plus délaissée au profit du crack avec des doses à moindre coût mais qui ont un effet plus court. Les consommateurs prennent dès lors plusieurs doses en une journée et ressentent davantage de manques. Cela résulte sur plus d’agressivité et de paranoïa. Ils sont directement sur la défensive, rendant la tâche de nos agents plus compliquée”, poursuit-il, au moment où ses collègues trouvent une bouteille d’ammoniaque abandonnée dans la station De Bouchère. “On constate également une hausse du nombre de Mena (mineurs étrangers non accompagnés) aux pôles multimodaux comme la gare du Midi.”

Les patrouilles sont organisées par trois agents affectés aux stations les plus fréquentées et où les délits sont les plus nombreux. “Notre mission première vise à sécuriser les stations”, explique Mourad Douidi. “Nous faisons des rondes pour éviter les squats, évacuer les objets qui peuvent perturber le parcours client comme des matelas. Nous allons dans les parties non visibles par le public pour éviter les accidents de personne. On vérifie notamment les sorties de secours pour assurer leur accessibilité.”
Une collaboration avec les services sociaux
Avec l’arrivée de l’hiver, les agents de sécurité s’attendent à voir le nombre de personnes en errance augmenter. “Les stations de métro ne sont pas adaptées pour les accueillir. Des débuts d’incendie sont régulièrement provoqués par des personnes en errance. Ils arrivent qu’elles se retrouvent dans le tube de transport et se font renverser par des trams ou métro. Cela a un impact sur la totalité du réseau et ce sont tous les voyageurs qui en pâtissent. Dans la mesure du possible, nous travaillons avec les services sociaux pour trouver des lieux d’hébergement d’urgence pour ces personnes mais bon nombre refusent, préférant vivre dans la rue”, poursuit Mourad Douidi.
"Trop peu d'agents au regard de la hausse de fréquentation dans les stations"
Pour chaque shift, soixante agents sont affectés à la sécurisation des stations. Un nombre trop peu élevé au regard de la hausse de fréquentation dans les stations, et de l’agressivité croissante. Ainsi, au cours de l’année 2022, 148 membres du personnel de la Stib ont été victimes d’agressions, pour 751 voyageurs. “On aimerait être plus nombreux pour couvrir l’ensemble de 69 stations et des 2200 arrêts en surface mais on ne peut pas être partout. Nous pouvons toutefois sur les agents de prévention qui sont nos yeux sur le terrain et qui permettent d’orienter les patrouilles en fonction des soucis rencontrés. Ainsi, lorsqu’il y a eu un phénomène de pickpockets au Heysel, nous avons fait monter l’information en y affectant davantage d’agents de sécurité, en collaboration aussi avec les trekkers, à savoir les policiers en civil”, conclut-il.

Cinq agressions par jour sur les collaborateurs de la SNCB
La problématique des agressions est également en hausse du côté de la SNCB où, selon les derniers chiffres, 1900 collaborateurs oUne explosion de la violence contre le personnel des TEC: "13.691 jours d’incapacité de travail en 2022, c’est énorme!"nt été agressés, soit 5 par jour. Des chiffres encore en augmentation au cours du premier semestre 2023. Pour les transports en commun, on constate en moyenne 25 % d’agressions physiques (avec coups, blessures et violence) et 75 % d’agressions verbales (avec menaces et insultes). Pour le personnel de la SNCB, il est question d’agression physique dans 40 % des cas. Tant les accompagnateurs de train, les conducteurs de bus, de tram et de métro, les agents de sécurité, les personnes qui informent les voyageurs ou les collaborateurs des guichets sont concernés.





