Le député Michael Freilich (N-VA) attaqué en justice par un journaliste iranien: "Un cas classique de lawfare, il en faudra plus pour me faire taire"
Le journaliste Antoine Hooman Shahbandi porte plainte contre le député Michael Freilich pour diffamation et atteinte à l’honneur
- Publié le 19-09-2023 à 07h25
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Antoine Hooman Shahbandi porte plainte contre le député fédéral Michael Freilich (N-VA) pour diffamation et atteinte à l’honneur. Le journaliste iranien est défendu par l’avocat Fernand De Keuleneer. Ils réclament 10 000 euros de dommages et intérêts auxquels viennent s’ajouter des demandes d’astreintes qui s’élèvent à 3 000 euros par jour où le député ne retire pas un tweet.
Pour comprendre cette affaire, il faut remonter au mois de juin, lorsque la tension autour de l’IranGate atteignait des sommets et que le sort de la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib (MR) ne tenait qu’à un fil. Le 21 juin, le journaliste iranien Antoine Hooman Shahbandi a partagé sur Facebook une caricature de la ministre libérale. Sur un fond gris, entourée de messages en farsi (langue parlée en Iran), on pouvait lire cette inscription en français : “Sois forte face à la N-VA”.
M. Shahbandi avait également participé à l’une des nombreuses sessions parlementaires lors desquelles Hadja Lahbib avait dû s’expliquer. Sa présence avait suscité de nombreuses interrogations, notamment dans les rangs de la N-VA.
Le 22 juin, la Dernière Heure a contacté le journaliste iranien dans le but de connaître ses intentions. Elle en a fait un article qui a été repartagé par Michael Freilich sur X (Twitter) avec ce commentaire : “Le bras long du régime iranien ? Il est nécessaire de mieux contrôler l’accès à la Chambre des représentants.”
C’est ce tweet que M. Shahbandi considère comme de la diffamation. Contacté, le journaliste nous renvoie vers son avocat. “Ce que fait M. Freilich n’est pas l’expression d’une vision politique mais une attaque concrète sans aucune preuve de ce qui est avancé contre mon client”, rétorque Fernand De Keuleneer. Selon l’homme de loi, les propos du député sous-entendent que le journaliste serait un “agent” au service du régime iranien. “Cela ne va pas. Il doit rectifier. C’est la raison pour laquelle nous demandons que le juge oblige M. Freilich à retirer son tweet. On va avoir une discussion fascinante sur ce qu’un parlementaire peut ou ne peut pas dire.”
De son côté, Michael Freilich n’a aucunement l’intention de retirer son tweet. “Il s’agit d’un cas classique de lawfare, d’une pratique consistant à faire intervenir le pouvoir judiciaire pour restreindre les droits de quelqu’un, mais nous ne sommes pas en Iran. Il en faudra donc plus pour me faire taire.”
Le député anversois invoque la “liberté d’expression” et affirme qu’il ne cédera pas “à ce genre de harcèlement par le biais des tribunaux”. Une première réponse sera donnée le mercredi 20 septembre au Palais de Justice d’Anvers.