Albert Frère, puissant industriel belge, s'est éteint ce lundi matin, à 92 ans. Evocation d'un parcours hors-norme.
Quatre milliards de dollars. C’est la fortune estimée d’Albert Frère par l’agence Bloomberg, en 2014. Mais au-delà des chiffres, coquets, Albert Frère, qui aimait l'argent au point d'en fairer payer l'Etat belge, c'était aussi un parcours hors-normes... Qu'on vous raconte.
"Pour vivre heureux, vivons cachés"
Albert Frère disait toujours ou faisait dire par ses troupes “pour vivre heureux, vivons cachés”. S’il faisait sienne ce dicton, c’est parce que cela l’arrangeait bien de ne pas répondre aux questions qui l’embarrassaient. C’était un homme qui ne fuyait pas les projecteurs mais qui était trop malin pour parler des coups qu’il préparait. À moins d’y trouver un intérêt, en lâchant quelques “scoops” à la presse.
Il y avait aussi sans doute une part de pudeur dans ses non-dits. Même s’il est l’homme d’affaires belge qui a le plus fait couler d’encre, il s’en est allé en gardant une part de mystère sur ce qu’il pensait dans le fond de lui-même, sur ses bonheurs comme sur ses rancoeurs.
Bourgeoisie moyenne
C’est le 4 février 1926 qu’Albert Frère naît à Fontaine l’Évêque (non loin de Charleroi) dans une famille de la bourgeoisie moyenne. Ses parents, Oscar Frère et Madeleine Bourgeois, possédaient une société spécialisée dans la fabrication de clous, chaînes et autres outils de ferronnerie. Son père meurt quand il a à peine 4 ans. C’est donc sa mère, une femme réputée “bigote”, qui reprend les rênes. N’ayant pas, comme il l’avouera lui-même, de passions pour les études, il est très vite entré dans les affaires familiales. Et très vite, il les rendra florissantes…
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