Cela fait deux ans que Philippe Suinen a quitté la tête de l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (Awex). Il est devenu président des Chambres de commerce et d’industrie wallonnes. Ancien chef de cabinet d’Elio Di Rupo (lorsqu’il était vice-Premier ministre), Philippe Suinen aime toujours surprendre son interlocuteur avec malice. Etiqueté socialiste, il lui arrive de tenir le même discours que celui des petits entrepreneurs wallons. Alors que le pays a connu vendredi une nouvelle journée de paralysie syndicale ordonnée par la FGTB, Philippe Suinen dénonce la mentalité gréviste qui plombe la Wallonie.
Depuis plusieurs mois, les syndicats du sud du pays se sont illustrés par des actions parfois très musclées. N’est-ce pas un handicap pour une région qui tente de se relever ?
"On est dans une situation asymétrique où, dans plusieurs cas, la Wallonie s’est en effet montrée très peu attractive vis-à-vis des investisseurs. Je parle des mouvements sociaux, des grèves. On a le droit de réagir comme syndicaliste mais, alors, il faut s’interroger sur la portée de ses actes. Cela devient difficile d’expliquer à l’extérieur, auprès d’investisseurs potentiels, que nous avons une tradition de concertation sociale avec cette succession de mauvais exemples. Le contraste entre la Wallonie et la Flandre, sur le plan de la propension à faire grève, m’inquiète très profondément. Celà dit, la grève des camionneurs a eu un effet positif : on s’est rendu compte que l’autorité politique avait les moyens de faire lever les blocages."
Pour un ancien chef de cabinet socialiste, vous semblez être devenu antisyndicaliste…
"Je ne suis pas antisyndicaliste, je suis wallon… On a besoin de syndicalisme et de concertation. Mais la Wallonie doit se ressaisir. A côté de cela, la Wallonie a besoin de dépasser le "court-termisme" politique qui tient à la durée de la législature, avec les prochaines élections comme ligne d’arrivée. Je suis pour un unionisme wallon où tous les partis politiques démocratiques et les partenaires sociaux se mettraient d’accord sur une trajectoire qui irait, par exemple, jusqu’en 2030. On éviterait ainsi le risque d’une remise en cause de la politique menée en fonction de la composition de la coalition gouvernementale. Il faut de la continuité dans l’action."
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