Pénurie et explosion des prix: les temps sont durs pour les légumes, Delhaize ne vend même plus de poivrons
Delhaize ne vend plus de poivrons rouges et jaunes en raison de prix trop élevés.
Publié le 23-02-2023 à 17h36
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La grande distribution fait actuellement face à des problèmes d'approvisionnement pour de nombreux légumes. Une conséquence de l'explosion des coûts de l'énergie. De nombreux producteurs cultivant sous serre n'ont en effet eu d'autre choix que de stopper leur production. "Les cultures sous serre ont besoin à la fois d'éclairage et de chauffage en hiver. En raison des coûts élevés du gaz et de l'électricité, de nombreux producteurs ont décidé de ne pas produire cet hiver, simplement parce que ce n'était pas rentable", indique Peter Nicolaï, président de Fresh Trade Belgium, la fédération professionnelle des importateurs et grossistes de fruits et légumes. Par conséquent, la production de tomates, concombres, poivrons, salades iceberg ou encore de fraises a chuté de manière très importante. Le secteur de la culture sous serre ne tourne actuellement qu'à 20% des ses capacités.
Pour faire face à la demande, les importateurs doivent donc se tourner vers l'Espagne, l'Italie, le Portugal et le Maroc. Mais tant dans le sud de l'Europe qu'on nord de l'Afrique, une vague de froid et de gelées a perturbé la production ces dernières semaines. La production de tomates a été la plus touchée, ce qui a également fait grimper les prix. Un virus a également touché les productions et des tempêtes en Méditerranée ont ralenti les exportations. En Grande-Bretagne, les supermarchés manquent actuellement de salades, concombres, tomates, brocolis et autres citrons. Des supermarchés commencent à limiter les achats pour éviter les ruptures. Chez Asda, troisième distributeur alimentaire au Royaume-Uni, les clients ne peuvent désormais acheter plus de trois tomates, poivrons, concombres, laitues ou encore brocolis.
En Belgique, la situation n'est pas aussi dramatique car nos importations sont moins dépendantes du Maroc, principal pourvoyeur (notamment de tomates) pour la Grande-Bretagne en raison du ralentissement du commerce de produits frais avec l'Europe suite au Brexit. Il n'en demeure pas moins que la production ayant baissé en Belgique et aux Pays-Bas et les problèmes rencontrés dans le sud de l'Europe et au nord de l'Afrique ont fait grimper les prix et compliqué les importations. Si nous ne connaissons pas encore de rayons vides comme outre-Manche, Delhaize a néanmoins décidé de ne plus vendre de poivrons jaunes et rouges pour le moment. "Nous ne vendons, temporairement, plus que des poivrons verts car les autres variétés nécessitent beaucoup plus de lumière et de chaleur à produire. Ils sont dès lors devenus trop chers et si nous répercutons cette hausse sur le prix de vente, les clients n'en achèteront tout simplement pas", indique Roel Dekelver, directeur de la communication de l'enseigne au Lion. "Actuellement, nous sommes confrontés à deux défis: trouver suffisamment de produits et faire face à l'explosion des prix. Heureusement, nous avons des contrats à long terme avec nos fournisseurs et cela nous permet d'éviter les pénuries. Mais la situation est très complexe car l'offre est moins importante alors que la demande reste la même. Pour offrir ces légumes au meilleur prix possible, nous avons décidé de rogner sur nos marges car les produits frais font partie de notre ADN. Grâce au programme Superplus, nous pouvons aussi offrir 10% de réduction à nos clients sur les produits Nutriscore A et B, et donc aussi sur les légumes."
Chez Delhaize, comme chez les autres distributeurs, on espère que la situation va rapidement revenir à la normale. "La situation s'améliore dans le sud de l'Europe et la production va redémarrer en Belgique. L'hiver est toujours un challenge pour l'approvisionnement en fruits et légumes, mais cette année l'impact de la crise énergétique a encore compliqué la situation en contraignant des producteurs à stopper leur activité."
Du côté des grossistes, on évoque une multiplication des prix d'achat par 4 ou 5. Fort heureusement pour le consommateur, le prix en magasin n'a pas suivi la même courbe. Selon les données de Statbel, le prix des fruits et légumes frais étaient en moyenne 14,8 % plus chers en janvier qu'un an plus tôt. "Impossible de mettre un chou-fleur en vente à 8 €. Le secteur absorbe l'énorme choc des prix, car il sait qu'il s'agit d'un phénomène temporaire."
Les fournisseurs s'attendent à une normalisation d'ici 2 semaines.