La BCE tente de ne pas jeter de l’huile sur le feu mais procède tout de même à une nouvelle hausse des taux
Les turbulences actuelles qui sévissent sur les marchés boursiers n’ont pas empêché la BCE de maintenir le cap monétaire.
Publié le 16-03-2023 à 15h08
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“Le Conseil des gouverneurs a donc décidé, ce jour, d’augmenter les trois taux d’intérêt directeurs de la BCE de 50 points de base, conformément à sa détermination à assurer un retour au plus tôt de l’inflation vers l’objectif de 2 % à moyen terme”. Il est 14 h 15 ce jeudi, le communiqué est publié sur le site de la Banque centrale européenne. La mécanique est rodée : pas une minute de flottement. La décision annoncée, attendue, correspond aux attentes des marchés financiers. Mais il n'est plus fait mention de prochaines hausses. Une manière de calmer les esprits?
Pas de “bonne” surprise
On n’attendait pas de surprise ce jeudi en provenance de la Banque centrale européenne (BCE). Pas de bonne surprise, mais une décision difficile à avaler du point de vue des opérateurs financiers, puisque la hausse des taux directeurs de l’institut européen d’émission vise à ralentir l’économie. Objectif : peser sur les dépenses des ménages et les investissements des entreprises, pour peser sur l’inflation. En diminuant la demande, on pèse sur les prix. Mais ce qui bon pour lutter contre la hausse des prix ne l’est pas pour les valorisations boursières. Une entreprise qui ralentit est une entreprise dont les profits vont diminuer, et qui vaudra moins en Bourse, forcément.
"Les taux d’intérêt des opérations principales de refinancement, de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt seront relevés à respectivement 3,50 %, 3,75 % et 3,00 % à compter du 22 mars 2023."
Dans le contexte actuel, marqué par les secousses qui agitent le monde bancaire la BCE se devait de garder la trajectoire annoncée. Une question de crédibilité, malgré les problèmes du Crédit Suisse, de SVB Financial Group, Signature Bank et peut-être aussi First Republic Bank aux États-Unis. Mieux vaut annoncer ce qui a été prévu que baisser la garde face aux risques qui effraient les banquiers. Remonter les taux moins fort que prévu serait admettre l’importance de ce risque. La mauvaise nouvelle est de toute manière déjà inscrite dans les cours.
Inflation toujours trop élevée
Selon les services de la BCE, la hausse des prix devrait s’établir en moyenne à 5,3 % en 2023, 2,9 % en 2024 et 2,1 % en 2025. La mauvaise nouvelle, en fait, se situe au niveau de “l’inflation hors produits alimentaires et énergie qui s’est de nouveau accélérée en février. Les services de la BCE estiment qu’elle s’établira à 4,6 % en moyenne en 2023, en hausse par rapport aux projections de décembre. Elle devrait ensuite revenir à 2,5 % en 2024 et 2,2 % en 2025”. Pour la patronne de la BCE, la Française Christine Lagarde, c'est clair, "l'inflation est trop forte, trop longtemps".
Le souci, c’est la vigueur de l’économie de la zone euro. Elle contrarie les plans de la BCE qui subit en l’espèce les mêmes pressions que son homologue américaine, la Réservé fédérale américaine. Et si le rebond de croissance observé actuellement était attendu, il est moindre qu'évalué précédemment. "Les projections de référence pour la croissance en 2023 ont été révisées à la hausse, à 1,0 % en moyenne, en raison du recul des prix de l’énergie et d’une meilleure résistance de l’économie à un environnement international difficile. Les services de la BCE s’attendent à ce que la croissance progresse encore par la suite pour atteindre 1,6 % en 2024 et 2025, étayée par un marché du travail robuste, une confiance en hausse et une remontée des revenus réels". Et pour la suite? Christine Lagarde a attiré l'attention sur le fait que pour la première fois, le Conseil des Gouverneurs avait listé les trois points clés dictant ses décisions de politique monétaire. "Celles-ci seront prises en fonction de l'évaluation des perspectives d’inflation compte tenu des données économiques et financières, de la dynamique de l’inflation sous-jacente et de la force de la transmission de la politique monétaire", a insisté Madame Lagarde.
Marchés financiers rassurés
Clairement, l'annonce du jour, si elle montre une inflation toujours trop élevée, a ramené un peu de sérénité sur les places financières. Quelques minutes après la diffusion des chiffres, les marchés boursiers européens sont sont redressés après un début de journée très hésitant. Sur le front des changes, l'euro a rebondi, de près d'un demi-pour-cent à 1,0619 dollar.