Les bonnes blagues belges du cyclisme
Un édito d’Eric de Falleur, qui préface la saison cyclistes 2023 avant le Circuit Het Nieuwsblad de ce samedi, la première épreuve sur le sol belge.
Publié le 24-02-2023 à 16h30
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Qu’est-ce qui faire rire Remco Evenepoel et Wout van Aert sur la photo prise en ce dimanche ensoleillé de la fin septembre ? Sans doute la bonne blague que le premier a jouée à tous les adversaires des Belges qui imaginaient que le second était le meilleur atout de l’équipe nationale.
On n’oubliera pas rapidement l’exploit réussi par le jeune Brabançon, quinze jours après son triomphe à la Vuelta, pour devenir à Wollongong le vingt-septième champion du monde belge. Une performance athlétique qui n’avait pas eu d’égale depuis plus d’un demi-siècle et le succès à Imola du regretté Vittorio Adorni, décédé cet hiver.
Ce jour-là, les deux principaux champions belges de l’époque, Rik Van Looy, arrivé à l’automne de sa carrière, et Eddy Merckx, parti inexorablement pour le supplanter, s’étaient sabordés. En fait, le premier avait torpillé le second préférant voir un Italien devenir champion du monde plutôt que son jeune rival. Malgré les efforts d’un troisième de nos fers de lance, Herman Van Springel, Adorni, dans un jour de grâce, s’était emparé du maillot arc-en-ciel. D’autant qu’il était, pour quelques mois encore, équipier de Merckx chez Faema ce qui n’avait pas trop chagriné le Bruxellois.
Après le couac du Mondial de Louvain, les morceaux ont été recollés et les problèmes aplanis entre Wout van Aert et Remco Evenepoel. On a empêché (les deux hommes, leur entourage, Sven Vanthourenhout…) que le fossé ne se creuse irrémédiablement entre nos deux ténors actuels. Heureusement, car contrairement à l’Empereur d’Herentals et au Roi Eddy, l’Anversois et le Brabançon ont encore des années à passer côte à côte, notamment lors des différents championnats mondiaux et européens. On pourra s’en rendre compte dès cet été à Glasgow où le terrain proposé devrait convenir particulièrement au leader de la Jumbo-Visma et peut-être encore plus tard dans la saison à l’Euro aux Pays-Bas.
Pour le reste, il nous tarde de les voir réellement opposés dans une course d’envergure autre qu’un championnat de Belgique disputé sur un parcours au profil de crêpe au sucre. On en a eu une première indication à Liège-Bastogne-Liège où l’un et l’autre ont fini sur le podium même si le Campinois découvrait la Doyenne par la force des choses. Le coronavirus l’ayant empêché de courir le Tour des Flandres et l’Amstel Gold Race.
Le n° 2 mondial a promis de revenir en Ardenne. Ce ne sera pas encore pour ce printemps où ses grands objectifs sont ailleurs, sur les grandes classiques pavées essentiellement. Remco, lui, ne sera pas au Tour de France. Pas encore. Il repousse d’un an ses débuts dans la course au maillot jaune. Sauf si quelqu’un lui met en tête que la meilleure préparation aux Jeux olympiques de Paris résiderait dans un stage en altitude… Avant cela, c’est au Giro que le Vélo d’or 2022 veut voir la vie en rose et poursuivre l’enrichissement de son palmarès.
Nos deux champions doivent peut-être aussi ne pas trop tarder. Car derrière eux, voici que, déjà, deux (et d’autres) jeunes poussent. Arnaud De Lie et Cian Uijtdebroeks ont eux également toutes les qualités pour faire aux autres les meilleures blagues dans un avenir pas si éloigné que cela. Nous, on a hâte de rigoler.