Delhaize: la grande (re) distribution des risques
Un édito de Vincent Schmidt.
Publié le 08-03-2023 à 10h33
En se séparant de ses 128 magasins intégrés pour les faire passer aux mains d’indépendants, Delhaize joue la carte de la franchise. Du moins en ce qui concerne son modèle commercial car, au-delà de l’annonce effectuée en Conseil d’Entreprise extraordinaire ce mardi matin, les syndicats pointent un discours cachant bien des misères.
La première résulte dans l’absence de garantie quant au maintien de l’emploi. Rien ne dit que l’ensemble des magasins trouveront repreneur, ni que les franchisés futurs accepteront de reprendre le personnel et les conditions salariales d’application actuellement. C’était précisément pour ne plus devoir supporter une Convention Collective jugée trop contraignante que Delhaize l’avait dénoncée quelques jours plus tôt.
La deuxième crainte des syndicats, qui deviendra aussi celle des repreneurs, c’est la rentabilité des magasins franchisés. À aucun moment, la direction de Delhaize n’a évoqué cette rentabilité, préférant mettre en avant une augmentation des ventes de 3,5 %. Augmenter ses ventes, c’est bien, mais ce n’est en aucun cas l’assurance d’obtenir une rentabilité suffisante.
Delhaize se sépare donc d’une grande part de risques, en misant sur un modèle de franchise où la flexibilité, la polyvalence et les coûts de la main-d’œuvre sont meilleur marché qu’au sein de supermarchés régis par Convention Collective où les syndicats peuvent peser de tout leur poids.