Féminiser le nom des rues : oui, mais...
Accorder davantage de place aux femme sdans l'espace public ? 100% d'accord. Mais attention : ce n'est ni simple, ni gratuit. Et quant aux dames mises en avant : nous sommes en Belgique, mettons en avant des femmes belges. Un édito d'Alexis Carantonis.
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Publié le 14-03-2023 à 16h02
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La missive est arrivée sur le bureau des bourgmestres du sud du pays, paraphée par le Ministre wallon des pouvoirs locaux. Son objet ? Enjoindre les maïeurs à féminiser les noms des rues, chaussées, avenues, places et de tout ce que leur commune compte d’espaces publics.
La demande est louable: l’égalité homme-femme, ce n’est pas juste sur le plan salarial - le plus crucial des combats - qu’elle s’observe, elle transite aussi par l’instauration de mesures symboliques qui “visibilisent” les femmes. D'autant plus que pour dix rues portant un nom d'homme, on ne trouve actuellement qu'une rue portant un nom de femme dans l'espace public belge francophone.
Bien. Toutefois, deux nuances.
Déjà, la démarche n’est pas simple, ni gratuite. Les riverains qui habiteraient dans une artère concernée doivent être consultés, parce que toucher au nom de leur rue, c’est évidemment un changement d’adresse. Ce qui peut impliquer un joli imbroglio logistique et administratif, pour un nom sur une plaque qui n’améliorera pas concrètement, directement, matériellement leur quotidien.
Ensuite, il convient de bien réfléchir : si nos artères sont trop masculines, c’est parce qu’elles portent en elles un héritage historico-culturel qui faisait la part belle aux hommes. Vouloir en revenir nous semble sain. Mais vouloir l’effacer, n’est-ce pas renier notre histoire, dérives incluses ? Par contre, il est 100% normal que les nouvelles rues soient plus souvent baptisées en hommage aux femmes. Belges, de préférence : d’Hélène Dutrieu à Marie Popelin; de Maurane à Annie Cordy (qui a déjà son tunnel) en passant par Angèle; de Soeur Emmanuelle à Antoinette Spaak aux Reines de Belgique; d’Ulla Werbrouck à Justine Henin, Nafi Thiam ou Tessa Wullaert : d’hier ou d’aujourd’hui, les grandes dames belges ne manquent pas.
Les mettre en évidence dans l'espace public est totalement souhaitable. Mais il faut accorder à cette démarche des objectifs à sa juste hauteur : cela ne permettra malheureusement pas de faire en sorte que les femmes soient mieux considérées demain, dans leur vie de tous les jours.