Nouveau Master en médecine: un vrai débat de fond, torpillé par un conflit politico-politicien
Les arguments des favorables comme des réticents étaient pourtant cohérents, et audibles. Mais voilà un dossier sociétal devenu éminemment politique, sur fond de guerre d’egos pré-campagne. Bienvenue dans la Belgique d’avant scrutin…
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Publié le 23-03-2023 à 06h30 - Mis à jour le 23-03-2023 à 18h47
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Vous n’avez peut-être pas suivi toutes les circonvolutions autour de la création, ou non, d’un nouveau master en médecine dans deux universités wallonnes, à Namur comme à Mons. On vous le pardonne aisément, mais sur le fond, c’est un tort : il s’agit d’un beau débat idéologique, où ceux qui soutiennent comme ceux qui n’en veulent pas alignent de vrais arguments.
Ceux qui sont pour, à savoir les recteurs (qui ont voté en faveur du création du master, au sein de l’Ares), mais aussi le PS et Ecolo (présents au sein de la majorité des gouvernements de la Fédération Wallonie Bruxelles, mais aussi wallon et fédéral) rejoints par le PTB et Les Engagés, sont pléthore. Ils y voient une opportunité pour les futurs médecins des régions du Namurois et du Hainaut de ne plus devoir s’exiler à Liège ou Bruxelles pour apprendre leur futur métier, et espèrent répondre, avec cette nouvelle filière, au besoin d’amélioration de la santé des résidents locaux de ces zones plus rurales, où il est plus dificile d’accéder aux soins et où certaines pathologies sont davantage implémentées – et moins traitées – qu’ailleurs dans le pays. Même si c'est dans le Luxembourg, que ce besoin est le plus criant.
La liste de ceux qui s’y opposent est bien plus simple à dresser : le MR, qui gouverne en FWB comme en Wallonie et au Fédéral, n’en veut pas. Raison du courroux des libéraux : créer ces masters coûtera 500.000 € alors que les caisses de la FWB sonnent désespérément vides (ce n’est pas faux) et que cela n’amènera pas un médecin de plus sur le marché belge, la profession étant contingentée. Le MR, qui tient les rênes de la ministre-présidence de la FWB et dont Valérie Glatigny est ministre de l’Enseignement supérieur, crie donc à la gabegie, au machin dispensable.
Le spectre de la majorité alternative
Ce “njet” de la droite met en rogne les partenaires de majorité du MR, et surtout Paul Magnette, qui n’hésite pas à agiter le spectre de majorité alternative si le MR n’accepte pas de céder. Au passage, le président du PS ne se prive pas de tenter d’isoler au maximum Georges-Louis Bouchez, et de lui faire payer ses saillies au Fédéral (où il vient encore de tacler très sévèrement le ministre Dermagne il y a quelques jours). Sauf qu'on voit mal le deuxième cité, si on devait en arriver là, se priver de réclamer la mise en place d'une majorité alternative au fédéral, sur le dossier du nucléaire...
La question de la pertinence de la création d’un nouveau master en médecine est importante. Mais pas importante au point de faire chuter un gouvernement, ce qui serait tout bonnement catastrophique !
Mais vous l’aurez compris : le débat d’idées, noble à la base, s’est vite mué en conflit politico-politicien. La discussion intitale, avec d’un côté les partisans de la rétention des futurs médecins dans leur zone d’origine et l’amélioration de l’accès aux soins des locaux et, de l’autre, les partisans de la rationnalité budgétaire et de l'efficacité dans la gestion des deniers publics, est vampirisée par l’éternelle bagarre gauche-droite mais aussi de personnalités et surtout d’egos. D’ailleurs, le brasier de la polémique n’est alimenté que par la création du Master à l’UMons, beaucoup moins à Namur. Ben oui : le Hainaut sera un épicentre majeur des élections de 2024...
En somme : bienvenue en Belgique d’avant-scrutin.