La religion fait bien partie de la sphère publique
Une humeur de Mathieu Ladeveze.
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Publié le 30-03-2023 à 14h31
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Faut-il accorder un jour de congé officiel aux musulmans de Belgique - deuxième religion du pays - pour leur fête de l’Aït-el-Kebir, la fin du ramadan ? Faut-il tendre, comme à Londres, des guirlandes illuminées dans les rues commerçantes de la capitale pour souhaiter un "happy ramadan" à Bruxelles ?
Ces questions, remises au-devant de la scène par un tweet du secrétaire d’État Pascal Smet (one.brussels), reposent celle de la place du religieux dans l’espace public. Lorsqu’il s’agit de l’islam, reconnaissons que le débat se tend, les positions se crispent. Certaines formations politiques assurent que le religieux doit rester dans le domaine de la sphère privée. Fais ce que tu veux chez toi, porte fermée. La rue est laïque, neutre religieusement, par respect pour toutes les opinions, les religions.
C’est pourtant factuellement faux. Outre les signes visibles du grand public - comme la crèche de la Grand-Place de Bruxelles pour ne citer que cet exemple et malgré la tendance à effacer certains signes religieux tels que les vacances de Pâques -, le religieux fait partie intégrante de l’État belge, qui reconnaît, finance, organise les cultes.
À la différence de la France, pays viscéralement laïc, les communautés linguistiques organisent et financent des cours de religion dans les écoles, pendant les heures scolaires, payent des professeurs de religion. Tandis qu’une communauté religieuse reconnue peut prétendre au financement de ses déficits, à bénéficier de subsides pour payer son personnel.
En Belgique, la religion, les religions font donc partie de la sphère publique. Certaines plus que d’autres.