Marc Verwilghen s'énerve
- Publié le 06-04-2001 à 13h00
Le ministre perd patience dans le dossier ouvert à charge de l'ex-superflic Delilez
BRUXELLES Cette fois, le ministre de la Justice s'énerve. Et on le comprend.
Titillé par une interpellation récente de l'ancien ministre de la Justice, Tony Van Parijs, à propos de l'affaire Pierre Delilez, un policier bruxellois soupçonné de corruption, Marc Verwilghen vient de faire usage de son droit d'injonction.
Dans un courrier adressé il y a quelques jours au procureur général de Bruxelles, André Van Audenhove, le ministre de la Justice donne ordre à ce haut magistrat d'interpeller le procureur du Roi de Bruxelles sur l'état d'avancement de l'instruction ouverte à charge de l'ex-superflic, naguère considéré comme le meilleur spécialiste de la mafia russe.
Le ministre Verwilghen invite également le procureur général à prendre, le cas échéant, des réquisitions devant la chambre des mises en accusation, laquelle est également compétente pour contrôler le cours de l'instruction.
Une instruction dont le moins qu'on puisse écrire est qu'en effet elle n'a pas brillé par sa diligence.
Peut-on imaginer en effet qu'une instruction a été ouverte en avril 2000 à charge de l'inspecteur Delilez, du chef de corruption, et qu'à ce jour, soit un an plus tard, le policier suspendu entre-temps par son autorité hiérarchique n'a toujours pas été entendu, ni même confronté avec qui que ce soit?
Et pourtant, l'affaire Delilez n'est pas un dossier sans importance. L'officier, qui intéresse beaucoup la justice allemande, est suspecté d'avoir transmis des informations confidentielles relatives à un trio d'hommes d'affaires kazakhs à leur pire ennemi, Gregory Loutchansky, un affairiste soupçonné d'être lié à la mafia, selon un rapport des services de renseignements israéliens.
Loutchansky aurait remis ces documents au président kazakh, via l'un de ses proches conseillers, Bulat Utemuratov, dans le but de déconsidérer ses adversaires commerciaux. Un conseiller que Delilez avait personnellement rencontré à Paris, à l'hôtel Royal, en présence de Loutchansky.
On peut espérer que l'injonction ministérielle convaincra définitivement le magistrat instructeur d'enfin aller de l'avant dans ce dossier. Sinon et ce serait tout de même un comble , la Belgique devra attendre le résultat de l'enquête allemande pour se faire enfin une opinion dans ce dossier.