Le GBL, la drogue autorisée
- Publié le 05-11-2009 à 08h10
- Mis à jour le 05-11-2009 à 15h37
Des jeunes se servent du décapant, mélangé à du sirop, comme moyen de défonce. Pas cher, le solvant est un vrai danger
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BRUXELLES GBL. Ces trois lettres désignent le gamma-butyrolactone, un solvant en vente libre qui fait des ravages chez les jeunes.
En Angleterre, il a déjà tué. Chez nos voisins français, après la multiplication des intoxications et des comas, les autorités publiques ont lancé, il y a quelques jours, une mise en garde face aux dangers que représente l’utilisation dérivée de ce produit.
C’est qu’à la base, l’usage de ce solvant est destiné à décaper des jantes de voiture, des meubles ou encore des graffitis.
Mais depuis la classification du GHB comme drogue, et donc substance interdite, ce dérivé fait fureur dans certaines discothèques.
Les jeunes sont nombreux à en vanter les effets : “C’est pas cher. Il suffit de mélanger le liquide à du sirop de grenadine, par exemple. On peut en trouver en vente libre facilement partout. Ça procure les mêmes effets que l’XTC”, sourit un jeune qui en consomme chaque week-end avec ses potes de sortie.
Si le GBL provoque l’euphorie et la stimulation du désir, il a surtout des effets anesthésiants et amnésiants extrêmement dangereux pour la santé. Il provoque non seulement de graves troubles respiratoires, voire la mort lorsqu’il est utilisé à trop forte dose, et engendre surtout une dépendance extrêmement rapide.
Résultat : les jeunes en manque du produit souffrent alors de troubles physiques et hallucinogènes.
Faut-il dès lors introduire le GBL dans la catégorie des drogues et donc l’interdire à la consommation ? Non, selon Infor’Drogues. L’association qui offre une permanence téléphonique aux personnes concernées de près ou de loin par la problématique des drogues, estime qu’une interdiction du produit ne ferait que reporter le problème.
“La preuve, le GHB a été interdit et le GBL, un dérivé aux effets similaires, a fait son apparition. C’est un solvant et des produits industriels comme le GBL, il en existe des milliers. Il y a eu le Tipp-Ex, les bombonnes de gaz pour briquets, les colles… À interdire purement et simplement un produit, on va en arriver un jour à devoir interdire la vente d’essence !” s’exclame le porte-parole d’Infor’Drogues, Antoine Boucher.
Ce dernier avoue faire face à une complexité en matière de solutions pour lutter contre ce fléau qu’est l’utilisation dérivée de solvants comme drogue chez les jeunes. “Le problème, c’est qu’on interdit des drogues et que les jeunes se tournent alors vers des produits bien plus nocifs pour la santé. Sniffer des solvants, c’est plus dangereux que de fumer un joint, et c’est pourtant ce dernier qui est interdit à la consommation. La seule voie dans laquelle le politique s’engouffre, c’est l’interdiction. Éviter de lancer comme message aux jeunes qu’il faut profiter de la jeunesse, vivre son adolescence intensément… ne serait pas une mauvaise chose non plus.”
Et toujours selon Infor’Drogues, on constate moins de consommation de drogues dans les pays où elles sont autorisées que dans les pays où l’interdiction domine. “De même que dans les pays comme le nôtre où l’interdiction prévaut, les drogues sont plus répandues. On les trouve partout. Mais la problématique des drogues n’est plus d’actualité depuis 4-5 ans. Elle n’est plus au centre du débat, on s’en inquiète moins”, regrette Antoine Boucher.
© La Dernière Heure 2009