Hal: le drame des homonymes

Fabrizio Schiavetto
Hal: le drame des homonymes
©Photonews

Deux Sébastien Lefèbvre dans le même train. Une famille pleure le sien… Le bilan pourrait s'alourdir, une personne manque à l'appel

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La SNCB indemnisera, mais…


BOUSSU C’est une histoire à la fois extraordinaire et dramatique que la catastrophe de Buizingen a révélée, malgré elle.

Elle met en scène deux homonymes répondant au nom de Sébastien Lefèbvre . L’un réside à Mons, l’autre à Boussu. Tous deux étaient dans le train qui se rendait à Bruxelles, lundi matin, et qui est entré en collision à Buizingen. La fatalité a séparé leurs existences. À la même seconde.

Le soir même du drame, une rumeur circule selon laquelle une personne répondant à ce patronyme se trouvait en première classe et n’aurait pas survécu au choc. Mais aucune information ne filtre de la part des autorités. Dans une angoisse semblable, les familles attendent la moindre nouvelle.

Les premières heures sont insoutenables. À Mons, on s’inquiète pour Sébastien, qui partage son temps entre une fonction dans le secteur du bâtiment et une autre dans une société de communication à Bruxelles. Il n’a plus donné signe de vie depuis le crash .

À Boussu, les amis de Sébastien s’inquiètent. Jusqu’à ce que, sur un groupe de soutien aux victimes de Hal, il signale avoir “survécu au train Mons-Bruxelles de 7 h 45 (heure de Mons, impact vers 8 h 20)”. Il précise qu’il se situait dans la deuxième voiture couchée sur le flanc. Il n’est que “choqué”. Des amis l’ont aperçu à la télé. C’est lui qui, dans le JT de 13 h, aide un policier à transporter une dame, blessée.

Entre-temps, l’angoisse insoutenable se fait cruelle et s’accentue d’autant plus pour la famille du Montois, qu’elle est appelée à Buizingen car on a retrouvé la trace d’un certain “Sébastien Lefèbvre”.

Mais l’espoir est de courte durée, c’est du Boussutois qu’il s’agit. La famille prépare son deuil, mais comment faire sans confirmation ?

Celle-ci viendra hier, dans l’après-midi, le DVI ayant alors identifié 16 des 18 victimes.

Selon nos sources, le rescapé, qui a appris l’existence d’un homonyme dans ce train, a été mis en contact avec la maman du malheureux disparu. Pour le Boussutois, commence désormais la difficile acceptation d’avoir à étreindre les émotions d’une mère qu’il ne connaît pas, mais dont le fils partage la même identité.

Rien ne pourra atténuer le deuil de cette famille. Rien ne pourra effacer le drame et la douleur qui accompagnent la perte d’un proche. Et il est difficile de rester insensible à cette situation humaine.

Mais il arrive parfois qu’au cœur de la fatalité, des histoires extraordinaires soient mises au jour. Celle-ci est particulièrement dramatique. Le drame s’est consumé, à 8 h 20, le lundi 15 février 2010, à Buizingen. Il est désormais inscrit à la postérité.



© La Dernière Heure 2010

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