Nourrisson mort secoué: "Je n’ai rien fait à mon bébé"
Inculpés initialement du "meurtre" de leur nourrisson de trois mois et placés sous mandat d’arrêt six mois après les faits, les parents d’Aksel ont obtenu ce jeudi en appel leur remise en liberté. La maman narre sa descente aux enfers.
- Publié le 20-06-2014 à 21h26
- Mis à jour le 20-06-2014 à 21h57
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Suspectée d’avoir secoué son bébé, la maman d’Aksel narre sa descente aux enfers. Inculpés initialement du "meurtre" de leur nourrisson de trois mois et placés sous mandat d’arrêt six mois après les faits, les parents d’Aksel (La DH du 10 juin) ont obtenu ce jeudi en appel leur remise en liberté, sans condition.
Défendus par Mes Henri Laquay et Thibaut Colin, ils n’auront pas passé plus de quinze jours à l’ombre et sont à présent inculpés "de coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner". Âgé de trois mois, leur bébé avait été admis inconscient à l’hôpital le 29 décembre 2013 vers 16 h et il était décédé, deux jours plus tard, le 31 décembre 2013, sur le coup de 22 h 56.
L’autopsie avait ensuite révélé que l’enfant aurait été victime du "syndrome du bébé secoué".
Le petit Aksel était pourtant un bébé plus que désiré. Il avait fallu huit longues années à ses parents pour arriver à le concevoir : une insémination artificielle et cinq fécondations in vitro.
"Mon cabinet a étudié le dossier répressif dans les moindres détails et nous sommes convaincus de l’innocence de notre cliente. Pour expliquer ce drame, on envisage toutes les pistes, y compris une réaction auto-immune à des vaccins qui ont été administrés avant la mort du bébé et nous allons demander des devoirs d’enquête complémentaires dans ce sens", indique Henri Laquay, l’avocat de la maman.
Pour La DH, Elmas (38 ans), la maman, a accepté de se confier. Voici son témoignage.
Que se passe-t-il le jour où vous emmenez votre bébé aux urgences ?
"Je suis dans la salle de bains en train de faire mon brushing. Le papa vient vers moi en me disant Ça ne va pas, ça ne va pas. Il est arrivé quelque chose au bébé. J’arrive et je vois que le bébé est inconscient. Je vérifie s’il respire encore mais il fait comme des apnées. On ne réfléchit pas. On fonce à l’hôpital."
Que vous disent ensuite les médecins ?
"Les médecins nous disent qu’ils ont l’impression qu’il y a quelque chose dans sa tête et nous demandent s’il est tombé. Je dis Non, jamais, pourquoi vous me posez cette question ? Et ils me disent qu’ils ont remarqué que, derrière l’un de ses yeux, il y a un peu de sang. Je leur explique que, depuis la veille, mon bébé a un gonflement à la joue, que je croyais qu’il faisait ses dents et que je lui ai donné du Nurofen. Ils lui font ensuite tout un tas de scanners et nous confirment que le bébé n’est jamais tombé mais qu’il fait par contre une hémorragie cérébrale qui a commencé deux à trois semaines auparavant."
C’est à cause de cela que vous commencez à penser aux vaccins…
"Oui. Je fais le rapport grâce au carnet de santé de mon bébé qui a été vacciné à ce moment-là mais on me prend pour une folle et on ne m’écoute pas. On n’a droit à aucune considération et on est traités comme des parents qui maltraitent leur enfant. Il y a pourtant déjà eu plusieurs cas similaires. J’ai d’ailleurs une amie dont l’enfant est devenu handicapé à cause d’un vaccin."
Six mois plus tard, vous êtes interpellée manu militari…
"Ils sont venus nous chercher le jour où je devais me présenter pour faire une seconde déposition et raconter à nouveau les faits. J’ai voulu déplacer ce rendez-vous et ils ont pensé que je n’allais pas venir. C’est à cause de ça que les choses se sont précipitées. Il y a eu un gros malentendu."
Vous vous retrouvez après face à un juge d’instruction…
"Je lui relate les faits. Je lui dis la vérité mais je vois bien dans ses yeux qu’il cherche autre chose. Il me demande à la fin ce que je veux ajouter. Je lui dis : Écoutez, je n’ai rien fait à mon bébé. Je suis innocente. Qu’est-ce que je peux dire de plus ? Et il me rétorque : Vous savez, le bébé, il ne s’est pas secoué la tête tout seul. C’est ou vous, ou votre mari, ou tous les deux. Je me suis sentie coupable dans son bureau. Je n’ai pas eu droit à la présomption d’innocence."
Pour quelle raison pensez-vous avoir été placée sous mandat d’arrêt ?
"Pour que l’un de nous deux craque. C’est clairement ce que j’ai ressenti."
Comment s’est passé votre séjour en prison ?
"Je n’avais aucune idée de ce que cela pouvait être. De loin ou de près, je ne connais personne qui a été en prison. Il y avait des femmes qui me trouvaient belle et qui étaient attirées sexuellement. D’autres qui avaient tué leurs enfants. Il fallait se faire des amis mais pas d’ennemis. Il y avait des bagarres tous les jours devant ma cellule. C’était horrible. Je ne le souhaite à personne."
Vous avez le sentiment d’avoir été victime d’une injustice ?
"Un peu quand même. Je suis devenue une taularde grâce à la justice. Quatorze jours en prison alors que je n’ai rien fait. Mise en détention préventive alors qu’ils n’ont pas fait leur travail. Ils auraient dû chercher un peu plus loin au lieu d’accuser directement les parents et, surtout, les écouter aussi. On m’avait conseillé de prendre un avocat dès qu’on a commencé à nous soupçonner mais j’avais répondu qu’on était innocents et qu’on n’en avait pas besoin. Après coup, je me rends compte que, dès l’hôpital, on aurait dû avoir un avocat pour qu’ils enquêtent."