Massage thaï: les dessous d'un gigantesque dossier de prostitution
30 établissements concernés, de 50 à 60 Thaïlandaises vouées au massage happy end. Enquête.
Publié le 17-03-2015 à 05h00 - Mis à jour le 17-03-2015 à 08h45
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30 établissements concernés, de 50 à 60 Thaïlandaises vouées au massage happy end. Le parquet de Hal-Vilvorde (Brabant flamand) réclame le renvoi devant le tribunal correctionnel de neuf suspects inculpés d’avoir exploité, entre 2005 et 2009, la prostitution de 50 à 60 femmes thaïlandaises, dans 30 salons de massage thaï situés en Belgique.
C’est l’aboutissement d’une instruction ouverte en janvier 2009 par le juge bruxellois Wim De Troy. Le parquet demande le renvoi correctionnel des neuf suspects des chefs d’exploitation de la prostitution et traite des êtres humains.
Selon nos infos toujours, le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme se constituera partie civile.
Le dossier de 43.000 pages est le plus épais en la matière traité par la justice belge depuis plusieurs années.
Les principaux inculpés sont un couple de comptables suspectés d’avoir exploité plusieurs dizaines de salons via des hommes (et femmes) de paille.
Selon l’enquête , les établissements offraient à la clientèle des massages happy end sous la forme de prestations sexuelles diverses (body-body, masturbation, sexe oral) tarifées. Les masseuses y étaient contraintes.
L’enquête du parquet de Bruxelles - reprise par celui de Hal-Vilvorde après le splitsing des deux arrondissements le 1er avril 2014 - avait débuté sur un premier salon de massage situé à Wemmel (Brabant flamand), le Morena. La police judiciaire fédérale de Asse avait eu vent que deux masseuses thaïlandaises avaient tenté de se suicider.
Démarrée au Morena, l’enquête avait débouché sur une organisation d’établissements faisant venir des femmes d’Asie du Sud-Est.
Le dossier a connu un traitement singulier. Alors que l’instruction était très vite achevée, le dossier, comme oublié, a visiblement traîné des années dans un bureau, de fin 2009 à début 2014.
Les causes de cet oubli d’un dossier de 43 cartons ne sont pas connues.
Le 1er avril 2014, c’est le splitsing de l’arrondissement BHV qui rappelait subitement son existence, et la substitute Karin Carlens le sortait des oubliettes.
En concluant au renvoi des neuf suspects, son réquisitoire montre que le juge Wim De Troy (également juge du Dossier Calice, l’affaire de pédophilie au sein de l’Eglise) faisait du très bon travail.
Me Marijn Van Nooten défend l’un des inculpés. Contacté hier soir, l’avocat, qui confirme les infos, s’interroge lui aussi sur ces cinq longues années d’inexplicables lenteurs…