Un indic "terrorisme" de la police belge en prison en Italie
Selon le Belge de 55 ans, un attentat dans une école américaine se préparait à Watermael-Boitsfort.
- Publié le 04-06-2015 à 04h04
- Mis à jour le 04-06-2015 à 06h53
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Selon le Belge de 55 ans, un attentat dans une école américaine se préparait à Watermael-Boitsfort. Un indicateur terrorisme de la police belge a été arrêté et est actuellement détenu en Italie alors qu’il cherchait à renseigner les services belges sur un projet d’attentat visant un car de ramassage scolaire, et des élèves, d’une école américaine, l’ISB, à Watermael.
Sébastien-Ahmed B., 55 ans, de Grimbergen, est détenu à Padoue pour trafic de drogue. Son contact en Italie devait le renseigner sur la filière d’armes et d’explosifs impliquée dans le projet d’attentat à Bruxelles et qui visait, selon lui, des enfants issus de la communauté israélite. Le Belgo-Marocain a pu nous contacter. Il dit avoir été piégé.
Ce serait l’indicateur grâce auquel la toile l’ Olympia du peintre surréaliste belge René Magritte, volée en 2009 à Jette, a pu être retrouvée deux ans plus tard.
Officiellement, la découverte du tableau faisait intervenir l’expert Jan-Piet Callens. En fait, il y avait un indic. Et c’est cet indic qui a été arrêté en Italie et dit avoir été piégé - mais par qui ?
Dans l’entretien, le Belgo-Marocain ajoute que ce serait la seconde fois. Il se plaint aussi d’être abandonné par les services belges auxquels il a fourni tant de renseignements pendant vingt ans.
Ses infos ont permis de déjouer l’attentat. Il les avait obtenues, dit-il, en infiltrant une mosquée de la région parisienne fréquentée par des milieux proches des Frères musulmans.
Il fait état d’informations suffisamment précises pour alarmer les services belges. Il devait y avoir prise d’otage d’un bus scolaire. On savait, dans la mosquée à Paris, que le car était sous protection.
De Paris, le Bruxellois se rendait à Modène pour se renseigner sur la filière d’armes. Le Belge s’est fait arrêter sur le premier parking à la sortie d’autoroute, avec 3 kilos de cocaïne dans son garde-boue avant.
La loi MPR (Méthodes particulières de recherche) distingue les informateurs des indicateurs : les seconds sont au contact du milieu criminel. C’était son boulot depuis 1992. Sébastien-Ahmed affirme avoir travaillé pour divers services. Il a renseigné sur les assassins venus de Bruxelles du commandant Massoud. En 2001 encore sur l’islamiste tunisien Tarek Maaroufi arrêté à Bruxelles après les attentats du 11 septembre. En 2002, sur le volet belge des attentats de Madrid. En 2006, sur une filière de faux passeports impliquant du personnel de deux maisons communales bruxelloises.
Il est rémunéré misérablement, de 600 € à 800 € par mois avec parfois des primes, comme pour la découverte du Magritte qui lui vaut un extra de 5.000 € (la toile est estimée entre 3 et 4 millions).
Après 20 ans de service, l’indicateur veut comprendre qui l’a piégé et dans quel jeu il a joué. Il dit avoir été piégé deux fois, la première vers 2007 alors qu’il infiltrait une mouvance à Koekelberg : un sachet de 250 grammes est fixé près de l’air-co et la drogue est trouvée dans un garage officiel Renault.
B. est condamné à 3 ans avec sursis et pour lui, c’était déjà un piège : "Connaissez-vous un trafiquant qui dépose sa voiture à l’entretien dans un garage officiel, avec de la drogue que le premier mécanicien trouvera immanquablement ?"
Puis à Modène, 3 kilos dans un garde-boue en plastique : il quitte l’autostrada et hop !, les policiers sont là.
Drôle d’histoire. L’indicateur de la police belge dit avoir été dénoncé. "Un trafiquant ? Ça veille toujours à avoir un excellent avocat. Je n’ai pas un euro pour payer un pro deo."