L’ombre du "gang de Roubaix" autour des frères Saouti
Un des deux frères arrêtés pour terrorisme a correspondu avec Lionel Dumont, pionnier, il y a vingt ans, du "djihadisme à la française" annonce La Libre Belgique.
Publié le 13-07-2017 à 07h51 - Mis à jour le 13-07-2017 à 10h51
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Un des deux frères arrêtés pour terrorisme a correspondu avec Lionel Dumont, pionnier, il y a vingt ans, du "djihadisme à la française" annonce La Libre Belgique.
En deux mois, au début de l’année 1996, ils avaient braqué cinq supermarchés et un fourgon blindé. C’étaient des attaques extrêmement violentes : il y avait eu des blessés et un homme avait été froidement abattu car il n’avait pas assez rapidement cédé sa voiture. Ce n’était pas que du banditisme : le 28 mars 1996, ce groupe déjà surnommé le "gang de Roubaix" tente de commettre un attentat à la voiture piégée contre le commissariat central de Lille. L’explosion est minime. Le lendemain, le Raid donne l’assaut contre leur point de chute à Roubaix. Quatre membres du gang sont tués.
Plusieurs sont en fuite, dont leur chef, Christophe Caze, qui, avec Omar Zemmiri, est repéré quelques heures plus tard à Courtrai. Le premier est tué par les gendarmes belges. Le second se rend après avoir pris deux femmes en otage.
Un autre membre du gang, qui n’était pas dans leur point de chute, réussit à s’enfuir en Bosnie. Lionel Dumont y est arrêté l’année suivante pour braquages. Il s’évade, est repris en Allemagne et est livré à la France, où il est condamné à vingt-cinq ans de prison.
L’avant-garde du djihad en Bosnie
Le choix de la Bosnie ne devait rien au hasard. Lionel Dumont, né dans une famille ouvrière catholique du Nord, y avait combattu en 1994 et 1995 dans les rangs d’une unité de combattants djihadistes étrangers particulièrement violents qui pratiquaient la décapitation.
C’est Christophe Caze, tué à Courtrai, qui l’avait convaincu de rejoindre ce groupe. Converti et originaire du Nord de la France comme lui, Christophe Caze avait choisi la cause djihadiste dès 1992 lorsque, étudiant en cinquième année de médecine, il avait rejoint ce groupe de combattants étrangers en Bosnie.
A la faveur des accords de paix de 1995, ils sont revenus en France, incapables de se réadapter à la vie civile et décidés à poursuivre le combat.
Détenu en France depuis 2003, Lionel Dumont, aujourd’hui âgé de 46 ans, est un de ces "grands frères" du djihad. Sa peine de sûreté court jusqu’en 2022. Pionnier de la cause djihadiste, Lionel Dumont bénéficie d’une aura certaine auprès des plus jeunes tentés par la cause djihadiste. Certains l’aident à faire des achats en prison.
Voisin de cellule
Akim Saouti, un des deux frères arrêtés mercredi 5 juillet à Anderlecht et locataire du box de garage où ont été découvertes des armes de guerre, serait un de ceux-là. Akim Saouti, qui a aussi un passé de braqueur, a versé de l’argent à plusieurs reprises à Lionel Dumont. Des lettres envoyées par Akim Saouti ont été retrouvées dans sa cellule.
Les deux frères Saouti avaient été arrêtés en même temps qu’un Français, venu à plusieurs reprises les voir à Anderlecht. Les services français soupçonnaient cet homme, Salah Ghemit, de préparer un attentat. Ghemit a été arrêté chez lui dans la banlieue de Lille.
Cet homme au passé de braqueur et d’évadé de prison - comme les Saouti et Dumont - pourrait s’être radicalisé en prison. Peut-être bien à Vendin-le-Vieil, où un détenu charismatique occupait une cellule voisine de la sienne : un certain… Lionel Dumont.