Une transsexuelle accuse une accompagnatrice de train d’agression : elle lui aurait lancé un "Au revoir monsieur"
L’employée aurait lancé "Au revoir MONSIEUR" en continuant sa tournée.
Publié le 14-01-2020 à 06h38 - Mis à jour le 14-01-2020 à 09h00
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L’employée aurait lancé "Au revoir MONSIEUR" en continuant sa tournée.
Incident ce dimanche en fin de journée sur la ligne Bruxelles-Tournai.
Bénédicte (prénom d’emprunt), transsexuelle, employée chez Infrabel, est en route pour déposer ses deux enfants chez leur mère. Le train est bondé. L’accompagnatrice demande à Bénédicte d’ôter son sac de la banquette. " J’ai obtempéré mais j’ai quand même signalé que la manière de le dire était agressive. La cordialité d’un accompagnateur est pour moi la base du métier, surtout entre collègues. Elle a bien vu que j’étais d’Infrabel, mon badge était visible."
Après cette conversation, l’accompagnatrice se serait retournée et aurait lancé "Au revoir MONSIEUR" en continuant sa tournée.
Pour Bénédicte, l’allusion à sa transsexualité est cinglante : " Ça se voit que je suis une femme. Sans doute a-t-elle deviné au son de ma voix. J’ai donc réagi en répondant ‘Pardon ?’, si j’avais bien entendu ce qu’elle venait de dire ? Elle a enchaîné en me parlant de plus en plus agressivement et fort en insistant après chaque phrase sur le terme ‘MADAME ’, cette fois."
La conversation s’envenime. Benédicte assure qu’elle n’en restera pas là. Et peu après, l’accompagnatrice revient avec le chef de bord.
"Il m’a dit qu’on ne menaçait pas sa collègue comme cela. Mais je suis co-présidente de la cellule LGBTQI + chez Infrabel (NdlR : le sigle désignant les personnes qui ne sont pas hétérosexuelles), je me dois de défendre tout type de discrimination. Surtout devant mes propres enfants."
Entre les protagonistes, la suite des échanges reste houleuse. Et lorsque le chef de bord s’éloigne et que Bénédicte veut prolonger la discussion, celui-ci menace d’appeler Sécurail.
Fin du premier volet.
La suite est formelle. Le chef de bord a dégainé le premier. Il a directement introduit auprès de la SNCB une demande d’enquête pour agression verbale, menaces et diffamation sur les réseaux publics, une publication ayant été postée sur un groupe Facebook.
Ce lundi, Bénédicte s’apprêtait à faire de même, pour d’autres motifs.
" Je suis habituée aux discriminations. D’expérience, je sais que quand on veut atteindre un trans, on ne le traite pas de trans directement, on tourne autour du pot. Et on en vient à vous appeler MONSIEUR alors que tout indique que vous ne l’êtes plus. Ensuite, le terme MADAME dans presque chaque phrase sur le ton employé ici est typique d’une insistance discriminatoire, d’une attaque directe, grave. Des dommages et intérêts peuvent être réclamés. Enfin, leur agressivité relève de l’abus de pouvoir. Il s’agit, en l’occurrence, d’une agression transphobe. "
Nous avons tenté de joindre l’accompagnatrice et le chef de bord pour avoir leur version plus détaillée. Notre demande n’a pas été acceptée.
De son côté, la SNCB n’était pas, ce lundi, en mesure de commenter ce dossier tout frais.