Craint des malfrats, redouté des avocats mais encore inconnu du grand public: qui est Julien Moinil, le procureur du procès Hakimi-Pauwels?
À 35 ans seulement, Julien Moinil représente le ministère public dans les plus grosses affaires du moment.
/s3.amazonaws.com/arc-authors/ipmgroup/b32ad4f6-711c-478b-849a-62042b2f5521.png)
Publié le 15-09-2020 à 18h00 - Mis à jour le 04-03-2021 à 19h15
:focal(1275x706.5:1285x696.5)/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/ipmgroup/QJFWE76HEJCQ7NLK6GBCIT6D7U.jpg)
Si le grand public ne le connaît pas encore, parce qu’il agit toujours dans l’ombre, la plupart des malfrats, par contre, le craignent et la majorité des avocats le redoutent. Il suffisait d’ailleurs ce mardi de tendre l’oreille à la pause du procès Hakimi/Pauwels à la sortie du hall de Mons Expo pour entendre son nom sur toutes les lèvres. Les prévenus y allaient chacun de leur pari sur les peines les plus sévères réclamées par le procureur fédéral.
Un procureur fédéral qui durant plus de huit heures ce mardi a tenu en haleine le public tout au long de son réquisitoire d’une clarté, d'une précision et d’un effet persuasif impressionnants.
À 35 ans seulement, le magistrat fédéral affiche déjà une belle carrière. Avocat au barreau de Bruxelles dès l’âge de 23 ans, il intégrera rapidement le parquet de Bruxelles comme magistrat jeunesse avant de rejoindre le parquet de Mons où il s’occupera essentiellement des affaires de grand banditisme.
Rapidement, le magistrat grimpera au parquet fédéral où, depuis deux ans, les plus grosses affaires lui sont confiées. Pour n’en citer que quelques-unes, il est derrière l’enquête sur la vente d’Anderlecht à Marc Coucke, l’arrestation de Patrick De Koster, l’agent de Kevin De Bruyne, la saisie des armes chez un commissaire bruxellois la semaine dernière, le dossier de l’agent de football Christophe Henrotay, le gigantesque trafic de stupéfiants dit de la “frigo connection”, etc.
Cette semaine, c’est à Mons que le redoutable magistrat représente le ministère public dans l’affaire Hakimi/Pauwels. S’il a, sans surprise, réclamé des peines sévères à l’encontre de plusieurs des protagonistes du dossier, il n’a pas hésité non plus à demander l’acquittement pour certains. Il a également précisé en abordant le cas Pauwels, qu’il ne s’intéressait guère au football et qu’il était dès lors face à un homme et non à une star de télévision.
Pas vraiment apprécié des avocats de manière générale, Julien Moinil sait néanmoins se faire respecter et les plus célèbres des pénalistes ne manquent pas de reconnaître son talent à la sortie de l’audience. À commencer par Nathalie Buisseret, l’avocate de Rachid Totot : “Je l’adore !, s’exclame la pénaliste. Il est rigoureux et c’est parfois fort dérangeant quand on est à la défense. Il n’est jamais déloyal, il travaille comme un acharné. C’est un des seuls magistrats qui contrôle effectivement les libérations conditionnelles. Il peut être excessif aussi mais on l’est également et on est là pour nuancer”.
Sven Mary confirme le professionnalisme du magistrat fédéral : “Il a été un collaborateur externe de mon cabinet. Il dira donc qu’il a vraiment fait parti du côté obscur (sourire). Mais peut-être faut-il se demander quel est le côté obscur. Une chose est sûre, déjà à l’époque, il abattait une charge de travail énorme”, termine l’avocat de Stéphane Pauwels.
Me Henri Laquay : “A 35 ans, être chargé des grandes affaires, ce n’est pas un hasard. C’est un redoutable bretteur que les avocats respectent”.
Et enfin le pénaliste Sebastien Courtoy, qui défend Marwan Hammouda, parle de Julien Moinil comme quelqu’un de “jeune, ambitieux, brillant, courageux mais aux méthodes parfois à la limite de la légalité mais toute la question est de savoir de quel côté est la limite. Il veut dépoussiérer le parquet avec des méthodes plus agressives, plus anglo-saxonnes”.